C'est une carte postale qui nous montre la destruction, visiblement toute récente, des rochers emblématiques de Pointe-Noire, à l'origne de ce toponyme.
Une voie ferrée étroite a été mise en place tout le long du rivage du cap naturel. Pour cela, les rochers qui faisaient obstacle ont été réduits tout simplement en miettes...
Une petite motrice, ainsi que des wagonnets, utilsés pour le transport des matériaux sont visibles au premier plan.
On identifie un colon Blanc, aux côtés de trois ouvriers Noirs, qui sont pieds-nus. Un wagonnet porte une marque peinte en blanc "Entraco", du nom de l'entreprise qui effectue les travaux.
Le parallèle avec une vue montrant le "rocher fétiche" en 1928 est éloquent. Le wharf visible en arrière plan sert de point de repère.
Le recul pour la prise de vue est légèrement différent, mais on voit bien l'ancien emplacement du rocher, avec le reste du tronc de l'arbre qui figurait à ses côtés.
Les premiers remblais effectués permettent de créer des avancées dans l'océan et ensuite par des travaux d'enrochement plus importants permettront de mettre en place les fondations du port de Pointe-Noire.
La pose de la première pierre du port a eu lieu officiellement le 11 juillet 1934, mais on sait qu'une "plate-forme", selon les textes de l'époque, était déjà en place à ce moment là.
On peut donc situer, sans trop de risque d'erreur, la prise de vue au premier semestre 1934.
La modeste avancée dans l'océan est qualifiée de "jetée" sur une autre carte postale de la même période.
L'expéditeur écrit au verso : "Pointe-Noire, 4 février 1935, Mon cher Gustave,
Dans ce nouveau port, les travaux avancent lentement. Que d'argent il faudra ! Enfin pour les navigateurs, cette (?) donne un petit peu de trafic."
Il faudra en effet plusieurs années pour que l'embryon de port permette aux bateaux d'accoster.
La voie ferrée à voie étroite, mise en place tout le long du cap jusqu'à la côte Mondaine, est très bien illustrée par cette carte postale. La prise de vue est effectuée depuis le "creux" de la baie de Pointe-Noire. On parle alors de "corniche" à l'instar de celle de Brazzaville.
Un individu posté au milieu de la voie (un "indigène") donne l'échelle au paysage, tout comme la silhouette bicolore du phare, et tout au fond le wharf, en filigrane, empiétant sur l'océan.
La voie ferrée se poursuivait le long de l'avenue de Loango et permettra de faire le lien avec des entreprises implantées dans ce quartier (notamment pour le transport de billes de bois vers des scieries) jusqu'aux années 1950.
Le développement du transport motorisé par camion mettra fin à ce mode de convoiement ferroviaire.