Carnets de voyages au Congo-Brazzaville, principalement à Pointe-Noire, mais aussi dans d'autres régions du Congo, agrémentés de photos, d'informations culturelles et touristiques et d'impressions personnelles.
Cet ouvrage présente notamment une vue impressionnante de la cité de Loango. La localité est comparée à de grandes villes européennes, elle serait d'une taille équivalente à la ville de Rouen. D'autres témoins de l'époque modèrent le propos mais considèrent quand même que la cité comporte des "milliers de cases". Il s'agit de la capitale administrative du royaume de Loango avec tous les bâtiments royaux et officiels, donc de "Bwali", assimilable aujourd'hui à Diosso (appellation datant d'environ 1850).
Le roi quitte rarement son palais mais reçoit en audience ses vassaux, les représentants d'autres royaumes, règle les conflits ou chasse le léopard. Il ne se présente en public que pour les fêtes solennelles.
Le royaume s'engage pleinement dans la Traite négrière au XVIIème siècle. Le commerce d'ivoire est également florissant. Les habitants du royaume sont considérés comme des commerçants avisés et de bons diplomates, mais pas comme de valeureux guerriers. L'autorité du roi est affaiblie par la "vente des offices" c'est à dire par des délégations de pouvoir (dans le domaine judiciaire par exemple) dont la charge est héréditaire. La société du royaume est entraînée vers sa déchéance à la fin du XVIIIème siècle. Une bourgeoisie de courtiers, caravaniers, interprètes et avitailleurs (fournisseurs de vivres notamment pour les navires) est née de la Traite négrière. Le sinistre commerce ne profite pas à tout le monde... On estime que 30 à 35% des "bois d'ébène" du continent africain partent de la "côte de l'Angola" et de Loango au XVIIIème siècle.
L'esclavage, officiellement aboli en 1848, ne disparaîtra vraiment que vers 1914. En 1883, un traité de Protectorat est signé avec la France. A partir de cette date, le roi n'a plus qu'un pouvoir politique limité mais garde une autorité symbolique et spirituelle forte.
Le site de Loango demeure actif après l'arrivée des français car il s'agit d'un point de départ des "caravanes" pour explorer l'intérieur du pays et transporter les marchandises. Mais en 1897, le port de Matadi (Congo Belge) est relié au chemin de fer et le trafic décline progressivement à Loango. La création de la ville de Pointe-Noire en 1922 signe définitivement la fin d'une époque pour le site historique.
Les traditions perdurent et un nouveau roi a été investi à Diosso le 29 août 2009 sous le nom de Moe Makosso IV. Son "apprentissage" peut ensuite prendre jusqu'à 7 ans, avant d'obtenir le titre sacré de Ma Loango ! Il semblerait que la nomination de ce neveu du précédent monarque soit contestée par une partie de la famille.
Sources :
Musée Dapper (Paris)
Musée Mâ Loango (Diosso) / conservateur : M. Joseph Kimfoko Madoungou
Magazine "Mbongui" / n°7 juin 2000 / article de M. Frédéric Pambou