Une autre sculpture liée à une activité du quotidien, c'est un joueur de sanza. J'avais déjà évoqué cet instrument de musique à lamelles (cf Instruments de musique : sanza et corne).
La sculpture est taillée dans un bois sombre. L'homme est assis en tailleur, dans une position improbable, ses deux courtes jambes se rejoignant à plat.
Joueur de sanza (bois, 21 cm)
D'après le vendeur, la statue proviendrait de Mossaka. C'est une ville de la région de la Cuvette, située au bord du fleuve Congo, à environ 90 km à l'est d'Oyo.
Ce type d'instrument de musique (lamellophone) était très utilisé dans ces régions des Plateaux et de la Cuvette (ethnie Mbochi). C'est donc crédible.
Sanza dans les mains de la statue
Traditionnellement, l'usage de la sanza était plutôt réservé aux hommes. Mais depuis peu, des jeunes femmes s'essayent avec succès à l'instrument.
Joueur de Sanza Azande en 1915, à Niangara, Congo Belge (© AMNH Herbert Lang)
La singularité de la statuette, c'est aussi la coiffe de ce personnage masculin. Elle a étrangement un petit air égyptien.
Le vendeur pensait au début qu'il s'agissait d'une femme... Mais l'usage de la sanza étant peu fréquent pourr les femmes et vu l'absence totale de poitrine (marquée seulement par deux petits traits en V), cela ne laisse aucun doute. C'est bien un homme !
Coiffe du joueur de sanza
A l'arrière, c'est également étrange. On trouve une sorte de anse verticale au niveau de la coiffe.
Vue latérale de la statue
Il parait que dans les chefferies Mbochi, la puissance était autrefois symbolisée par divers signes, en autre par la coiffure. Peut-être en est-ce une illustration ?
Source :
Dictionnaire général du Congo-Brazzaville - Philippe Moukoko - Editions l'Harmattan - 1999