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23 mai 2010 7 23 /05 /mai /2010 11:10

Imaginons être au pied du baobab en 1887... L'explorateur Pierre Savorgnan de Brazza (1852-1905) est le nouveau Commissaire du Gouvernement nommé le 27 avril 1886. Il vient de rejoindre son poste dans cette nouvelle colonie en février 1887.

C'est sa deuxième mission dans cette partie du Congo et sa quatrième en Afrique Centrale. Il a en effet débuté par l'exploration de la la vallée de l'Ogooué au Gabon entre 1875 et 1878. D'origine italienne, il vient alors tout juste d'être naturalisé français. A partir de Libreville, il remonte le fleuve et atteint Lambaréné puis l'Alima (affluent du fleuve Congo).

 

brazza-jeune-Nadar

Brazza en 1880 (photographié par Nadar)

 

Fort de ce succès, il effectue une deuxième mission à partir de 1879. Le contexte est celui de la concurrence avec la Belgique de Léopold II pour s'attribuer la conquête de nouveaux territoires. C'est la joyeuse époque où les pays européens déclarent qu'un territoire leur appartient simplement en y plantant leur drapeau... Brazza remonte de nouveau l'Ogooué et fonde "Franceville" en 1880. Il poursuit jusqu'au futur Congo, descend la rivière Léfini sur le territoire du roi des Batéké, le Makoko. Il reste plusieurs semaines chez lui et signe un traité pour prendre possession de ses terres en septembre 1880.

 

Il rentre en France et laisse en poste le Sergent Malamine Camara, un tirailleur Sénégalais, âgé d'une trentaine d'années et qui était devenu son ami fidèle (on écrit parfois aussi Kamara). Il était le "chef" des laptots (Noirs engagés volontaires au service de la France) de Brazza, dirigeant notamment la pirogue et son équipage en remontant l'Ogooué à partir du Gabon. Le sergent Malamine était-il au pied du baobab en 1887 ? Rien n'est moins sûr, car il serait mort en janvier 1886 à l'hôpital militaire de l'île de Gorée (Sénégal).

 

sergent-Malamine-Kamara

Malamine Camara (BNF©)

 

Le Sergent Malamine s'illustrera en défendant le nouveau territoire français face à l'avidité de l'explorateur anglais Stanley, mandaté par le Roi des Belges pour conquérir le plus possible de terres. C'est de la rivalité franco-belge que naîtront les deux Congo de part et d'autre du puissant fleuve.

Le traité avec le Makoko ne sera ratifié par le gouvernement Français que le 22 novembre 1882, soit plus de deux ans après sa signature.

 

Au printemps 1883, la Mission de l'Ouest Africain est mise sur pied. Après une escale à Libreville, Brazza file vers le sud où le lieutenant de vaisseau Cordier a eu pour mission de prendre possession de Loango. Il a ainsi signé un traité de protectorat avec le Mâ Loango, Mani Makosso, le 12 mars 1883 (avant l'arrivée de Brazza). Cordier passe aussi pour être le "fondateur" de la ville de Punta-Negra en 1883, future Pointe-Noire (il n'y a alors que quelques cases...). Il signe ainsi un autre traité avec les chefs indigènes locaux le 21 juin 1883. Dans les deux années qui vont suivre, les français explorent le bassin du fleuve Kouilou-Niari. Cette voie navigable s'avérera plus rapide que celle de l'Ogooué pour pénétrer au coeur du Congo.

Les explorateurs Dolisie et Cholet prennent quant à eux la route historique des Caravanes en 1883 et effectuent la première reconnaissance du trajet à travers le Mayombe. Trois postes sont fondés à Loudima (1884), Bouenza et Comba (1885). Il s'agit dès lors d'étudier la mise en oeuvre d'une voie ferrée. Georges Brousseau, géologue et membre de la mission Brazza, proposera dès 1886 un itinéraire pour un chemin de fer reliant Loango au fleuve Congo.

 

En mai 1884, l'emplacement définitif de "Brazzaville" est choisi. Ce n'est alors qu'un gros village constitué de cases éparses, sur un terrain dominant la rive droite du fleuve Congo. Lors de la Conférence de Berlin, la France abandonne définitivement toute possession sur la rive gauche. Le 26 février 1885, les territoires respectifs de la France et de la Belgique sont entérinés. C'est la fin de la mission d'exploration et Brazza rentre en France à l'automne 1885.


 

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