Ensuite a lieu la cérémonie publique dans les rues de Brazzaville. Les deux hommes montent à bord d'un véhicule militaire, poursuivis par les photographes.
Fulbert Youlou salue la foule qui est au rendez-vous. Malraux est droit comme un i !
Dans les rues de Brazzaville...
A la tribune officielle, on reconnait, un général français, sans doute Alain Peyreffite (alors jeune député, proche du général de Gaulle), Stéphane Tchichelle, maire de Pointe-Noire et vice-président du Congo, et tout à droite, Joseph Kasa-Vubu, le tout nouveau président du Congo voisin (Léopoldville) en grande tenue d'apparat.
A la tribune officielle
Puis c'est la cérémonie en haut de l'avenue Foch, face à la mairie de Brazzaville. La foule est massée sur le rond-point et grimpée jusque sur les toits.
Malraux et Youlou face à la mairie de Brazzaville
André Malraux prononce alors un discours rappelant les liens historiques entre la France et le Congo, de Brazza à de Gaulle, l'apport des français au développement du pays et les souffrances endurées par les congolais au cours des décennies écoulées de colonisation. Il rappelle, avec l'emphase qui le caractérise, le destin commun et fraternel des soldats morts au cours de la Deuxième Guerre Mondiale, sans distinction d'apparence physique.
Il place aussi le Président Youlou et les autorités congolaises face à leurs responsabilités devant l'immense espoir qui est né dans le pays : "Vous voici donc, Messieurs, en face du problème millénaire que pose l'histoire à ceux qui recoivent le "triste et fier honneur" de la faire. Vous voici en face de l'Indépendance. [...] En ce temps où l'appel à la liberté a si souvent la couleur du sang, salut, République du Congo, dont l'espoir est le nôtre !".
Défilé du 15 août 1960
Des congolais de différents quartiers de la ville défilent avec des pancartes "Vive la République du Congo", et "Vive l'Indépendance".
C'est le début d'une nouvelle période. Contrairement aux souhaits officiels, la transition ne se déroulera pas toujours dans la fraternité entre anciens colons et congolais "indépendants"...
Fulbert Youlou le souligne dans son discours : "Sans doute des heurts isolés, individuels, ont-ils pu se produire ici et là, mais n'en est-il pas ainsi dans les familles les plus unies. Bien au contraire, nous avons toujours rendu justice à l'esprit de compréhension et de mesure de nos concitoyens d'adoption que sont devenus les Français du Congo. D'ailleurs nombre d'entre vous qui m'écoutez en ce moment, laisserez parmi nous le souvenir de véritables amis dont le nom demeurera dans nos mémoires, comme parmi vos prédécesseurs il en est beaucoup dont nous gardons fidèlement l'image au fond de nous-mêmes." [...] "Tous unis, Français et Congolais, dans notre volonté de travailler d'abord pour le Congo dans un esprit de fraternité et de respect réciproque, nous devons tout faire pour le progrès et le mieux-être de notre nation".
Des décennies de frustration et de douleurs accumulées par le peuple congolais trouveront parfois leur exutoire dans une violence exercée à l'encontre des ressortissants français ou même envers d'autres congolais.