La construction de la cathédrale de Brazzaville a débuté en 1892. Ce serait ainsi la plus ancienne cathédrale d'Afrique Centrale. Elle est indissociable de l'implantation de la religion catholique au Congo et de son zélé serviteur, le père Augouard.
Ce religieux français originaire du Poitou fit preuve dès son plus jeune âge de caractère, car il participa comme volontaire à la Guerre de 1870, à seulement 18 ans.
Après un bref passage au Gabon, il part à la mission de Landana (actuel Cabinda) où il côtoie en 1879-1880 le Père Carrie (fondateur de la mission de Loango, cf Loango : la mission catholique ). Il rencontre aussi Savorgnan de Brazza, et arrive dans la région du "Stanley Pool" en 1881.
Le père Augouard lors de ses retours de missions au Congo (1884-1890)
Il fonde peu après la mission de Linzolo (30 km au sud de Brazzaville) en 1883. Il rentre très fatigué en France en 1884.
Avec l'aide de Charles de Chavannes (cf Au pied de l'arbre : Brazza et ses compagnons ), il implante sur son site actuel, la mission catholique en 1887.
Cathédrale de Brazzaville en construction (© CAOM 1892)
Le très actif Prosper Augouard est nommé évêque en 1890 et le siège du diocèse est bien sûr Brazzaville. Pour symboliser cet ancrage, il faut une cathédrale. On devine la difficulté pour trouver les financements, les matériaux et les bras pour mener à bien le chantier. En 1892, Brazzaville est une cité vieille de 12 ans seulement, avec très peu de bâtiments en dur !
Il parait qu'Augouard lui-même participa aux travaux, notamment pour la charpente. On l'identifie au centre de la photo ci-dessus, habillé en soutane, aux côtés de deux congolais portant un madrier.
Augouard supervisant le chantier (détail, © CAOM 1892)
A cette époque, aucune possibilité d'acheminement depuis la côte d'une grande quantité de matériaux. Il n'y a pour le transport de marchandises que les "caravanes" qui parcourent plus de 500 km à pied. De l'autre côté du fleuve, la voie ferrée belge ne sera mise en service qu'en 1898.
Les milliers de briques nécessaires sont donc fabriquées un peu plus bas dans la plaine et acheminées par porteurs au sommet de la colline.
Abattage et équarrissage des madriers pour la Cathédrale, dans une forêt de l'Alima (col Leroy)
D'après cette carte postale, on va chercher le bois de construction dans les forêts de l'Alima (rivière située à environ 300 km au nord de Brazzaville). Les poutres sont fabriquées sur place et descendent vraisemblablement par bateau la rivière Alima, puis le fleuve Congo jusqu'à la capitale.
La cathédrale du Sacré Coeur vers 1900 (carte postale)
En 1894, un premier édifice est achevé et permet d'accueillir les fidèles. Il est très simple avec une unique nef, un petit clocher et une sobre abside.
Cathédrale de Brazzaville, vue de l'abside vers 1900 (carte postale)
Mais, après cette première étape, la construction s'est poursuivie au cours des décennies suivantes. La modeste bâtisse va peu à peu s'agrandir...
Sources :
Hommes et Destins : Dictionnaire biographique d'Outre-Mer, tome 2, volume 1 (1977) Ed. Académie des Sciences d'Outre-Mer.
Monseigneur Augouard, un Explorateur et un Apôtre du Congo Français, Archevêque de Cassiopée. Witte. J. (Auteur) 1924. Ed. Emile Paol.