En dehors de l'indéniable beauté du site naturel, les chutes de la Loufoulakari représentent pour les congolais un lieu mythique, attaché à des légendes. Pour les français également, elles ont exercé un fort attrait, car ils ont cherché à immortaliser le lieu, en s'y photographiant.
Cela en dépit des difficultés d'accès, à l'époque coloniale, point de route nationale goudronnée à la sortie de Brazzaville ! On imagine les pistes dans le Pool, 70 ou 80 ans en arrière...
Brazzaville - Route de Kinkala (carte postale vers 1930)
Le caractère mystique du site, pour les adeptes de la religion traditionnelle, est lié à une première légende, issue d'un fait historique. C'est ici que Boueta M'bongo résistant Kongo fut tué, décapité par les colonisateurs (français). A partir de là, sa tête restée sur le bord de la rivière aurait creusé une "tombe" à proximité de l'eau. C'est ainsi que depuis trois "rivières" se rejoignent dans ces chutes, dont le bassin serait cette "tombe".
Boueta M'bongo, de son vrai nom, Mi M'Pandzou, grand chef de la région, fut en effet capturé et décapité vers 1890 par les troupes d'Alfred Fourneau. Pour le reste, libre à chacun d'y croire...
Colons devant les chutes de la Foulakary (carte postale SHO vers 1930)
L'autre personnage historique, plus contemporain, lié à ce site est Fulbert Youlou. Le futur premier président de la République du Congo aurait eu l'habitude de plonger dans l'eau profonde de la Loufoulakari et... de ressortir avec des vêtements secs !! Selon la légende, un caïman (non belliqueux) lui serait apparu un jour de baignade. L'animal deviendra ensuite l'emblème de son parti politique, l'UDDIA (Union de Défense Démocratique des Intérêts Africains).
Chutes de Foulakari (©CAOM Germaine Krull - 1943)
Notons au passage les différentes écritures du nom de la rivière (et donc des chutes) : Foulakary, Foulakari, Loufoulakary ou Loufoulakari. Pour certains, ce terme est d'origine Téké, (premiers habitants du Pool, avant l'arrivée des Kongo venus d'Angola) tout comme les autres mots désignant les rivières de la région, comme Kinkala et Djoué.
Confluent de la Foulakari avec le fleuve Congo (© CAOM - Agence Economique AEF, vers 1930)
Pour d'autres, le nom serait issu d'une phrase Kongo "YA FWUILA NKAADI", ou "YA FWUILA NKAARI ". En français, elle se traduirait par "lieu où s'arrête le commerce" (lieu qui symbolise la "mort" du commerce). La puissance de la rivière empêche de la traverser à pied, emprunter un pont de lianes expose à la perte des marchandises transportées... c'est donc la fin de la route commerciale !
Les chutes vers 1950 (carte postale Hoa-Gui)
Par ailleurs, les chutes constituent un obstacle infranchissable et mettent fin à l'éventuelle navigabilité du cours d'eau. Impossible de rejoindre le fleuve Congo, lui même fort agité dans cette région.
Sources :
Dictionnaire général du Congo-Brazzaville - Philippe Moukoko - 1999
Plaidoirie pour l'abbé Fulbert Youlou - L'harmattan - Rudy MBEMBA Dya-bô-BENAZO-MBANZULU - 2009.
http://www.afrique-pauvrete-avenir.org/article-les-origines-de-la-loufoulakari-68024605.html