Après le repas, je passe par la Côte Sauvage et file vers un petit cimetière dont Patrick m'a parlé, à deux pas de chez lui.
Je gare mon véhicule, face au garage du Kouilou. Quelques ouvriers se reposent au pied des eucalyptus, à même le sol. Je les saluent et leur dit que je vais voir les "ancêtres". L'un deux me confirme que des français reposent ici.
Le cimetière présente un aspect d'abandon. Il est ouvert à tous vents. Le sol gris sablonneux, les feuilles séchées jonchant le sol et les lézards qui vous filent entre les jambes renforcent le caractère lugubre des lieux. Certaines tombes se sont affaissées. Il y a principalement des sépultures de colons dont certaines datent des années 1930-40.
Près d'un arbre sans feuilles à l'allure fantomatique, une pierre tombale arbore une croix de Lorraine. Ce n'est pas la seule qui présente ce symbole, pas tout à fait catholique. Encore un témoignage de l'implication du Congo pendant la deuxième guerre mondiale, colonie se rattachant dès 1940 au Général de Gaulle. Ce dernier érigea ensuite Brazzaville comme capitale de la "France Libre" (cf le monument commémoratif Autour du Rond-Point Kassaï ).
Près de la route on trouve quelques tombes plus récentes, fraîchement peintes en blanc. Une autre tombe, sous les eucalyptus, se démarque par une construction en arc de cercle et un petit enclos en fer forgé, orné de croix. La sépulture a perdu de sa superbe et le nom du défunt est effacé.
Je ne pensais pas visiter autant de cimetière au cours de mon séjour ! Mais ce sont les rares lieux de mémoire, pour une ville aussi jeune (l'urbanisation de ce lieu de débarquement date de moins d'un siècle) et un pays où les vestiges historiques sont à (re)découvrir (des recherches archéologiques dignes de ce nom restent à mener pour aborder un passé plus ancien).