Malheureusement, les activités humaines ont fait disparaître le superbe site naturel du rocher de Pointe-Noire. Le cap rocheux a été tout simplement détruit lors des travaux de construction du port entre 1934 et 1939. Il fallait niveler, enrocher et bétonner pour mettre en place le stratégique port en eaux profondes.
La digue de protection à l'entrée du port en 1943 (Anonyme © CAOM)
Le port est officiellement inauguré en avril 1939, mais n'est pas terminé... En 1942-1943, dans le contexte de la Deuxième Guerre Mondiale, on poursuit la construction de la digue et le bétonnage.
Construction du port - Chantier de bétonnage - Juillet 1943 (Germaine Krull © CAOM)
Après les premières constructions tournant autour des activités portuaires (comme le wharf, le phare, la digue...) l'urbanisation du quartier s'est poursuivie dans les années 1920-1930 et les bâtiments administratifs "en dur" ont succédé aux modestes constructions "végétales" de la Côte Mondaine. Les commerces et les habitations ont suivi.
Quartier Djindji (vu de la gare) vers 1950 (carte postale)
Aujourd'hui, il ne reste plus rien du cap naturel qui a donné son nom à la ville. Les palmiers rôniers ont disparu et on trouve plutôt maintenant dans cette zone des manguiers. Plus de rochers noirs non plus, dans cette partie très modifiée de la côte. On trouve encore quelques roches de ce type de l'autre côté de la baie (vers Songolo).
Vue aérienne du phare et du port vers 1955 (carte postale)
L'emplacement de la "pointe-noire" historique est localisable aujourd'hui aux environs des grandes cuves blanches, situées après le phare.
Le phare et l'emplacement du cap originel, vus de la Côte Mondaine (2010)
Mais le nom local de Djindji garde vivant à nos oreilles la mémoire du lieu dans son aspect originel ! En effet, il s'agirait d'une onomatopée évoquant la déferlante des vagues sur les rochers noirs du cap. Le bruit incessant du sac et du ressac... Djin, Dji, Djin, Dji... L'unité lexicale imite simplement le bruit naturel de l'océan !
Le lieu dénommé Djindji était une partie d'un plus vaste ensemble appelé Cikungula. Le nom provient d'un verbe Vili signifiant "se laver", le site étant l'objet de rituels de purification.
Avant l'arrivée des européens, c'était donc un lieu de rassemblement des populations, érigé en "canton" de Mbanda (signifiant en Vili "terrain plat", en référence à la bande côtière recouverte de végétation). Voilà pour les origines locales ! C'est important d'en garder la trace à travers le nom d'une rue (cf Pointe-Noire : autour de Djindji) et d'un quartier.
Source :
Toponymie sur la ville de Pointe-Noire - ORSTOM - Jean Dello - 1988.