Je salue Laudy et son frangin et reprends mon parcours pédestre. Après la mairie, je tourne à gauche pour emprunter la petite rue qui longe la cathédrale.
Je constate que l'édifice est ouvert. L'occasion faisant le larron, je décide d'entrer dans la cathédrale Notre-Dame, dont je connais jusqu'ici uniquement l'aspect extérieur. Guère attrayant, il faut bien le dire (cf Premier week-end à Pointe-Noire (suite) ). Le monument en béton est devenu bien gris et mériterait un ravalement. Sans doute très peu de travaux d'entretien des extérieurs ont eu lieu depuis les années 1950.
Cathédrale Notre-Dame vers 1960 (carte postale)
Brêve histoire du lieu, à la fin de 1950, Monseigneur Fauret, évêque de Pointe-Noire, contacte l'architecte Jules Alazard (directeur de la société CIMA) afin d'élaborer un projet de construction d'un édifice digne de la ville. Pointe-Noire est en effet dépourvue de cathédrale, on ne trouve en centre-ville que le modeste évêché, dont le rez-de chaussée sert à cette époque de chapelle (cf Bâtiment colonial : l'évêché de Pointe-Noire).
Un premier projet élaboré à la fin des années 1920 prévoyait la construction d'un édifice de style romano-lombard, avec un campanile de 50 mètres de haut !
C'est un tout autre projet qui prend corps début 1951, avec une construction de style moderne, de 60 m de long et 20 m de large (30 m au niveau du transept). Une maquette est établie, le clocher fera tout de même 33 mètres. De multiples manifestations et autres kermesses ont lieu pour récolter des fonds, complétant les subventions des autorités locales.
Maquette de Notre-Dame de Pointe-Noire (1951 -© Carte postale Express)
La bienveillance de l'administration est de mise, le terrain nécessaire à la construction est ainsi "offert" par le Gouverneur Le Layec. La cathédrale sera construite face à l'océan, un peu en retrait de l'Avenue de Gaulle.
Les travaux sont confiés à la société EFIAC et la première pierre est posée en avril 1952. La bénédiction de la cathédrale a lieu quelques jours avant Noël, le 20 décembre 1953.
Nef de Notre-Dame de Pointe-Noire
L'intérieur tranche avec la rudesse extérieure. Il est déjà nettement plus blanc ! Sans doute a t-il été repeint assez récemment. Ce qui surprend aussi ce sont les touches de couleur qui décorent la nef. Les piliers ont été ceints, sur un tiers de leur hauteur, d'un tissu brillant, alternativement rouge et bleu.
Ouverture latérale de la nef
Ceci fait écho aux ouvertures latérales de la nef, ajourées de verres colorés. On ne peut pas les qualifier de vitraux ! Leur singularité n'est pas perceptible de l'extérieur.
Choeur de Notre-Dame de Pointe-Noire
Le choeur est très simple et lui aussi porte des ouvertures, étroites, ornées de verres colorés, d'un bleu de deux tons différents. L'église est propre et les bancs en bois impeccablement alignés dans la nef. On note quelques tâches d'humidité au plafond.
Autre singularité, le sommet des murs de la nef comporte de petites ouvertures, une sorte de persienne en béton ! Sans doute s'agit-il de faire circuler l'air, dans le contexte chaud et humide du climat ponténégrin.
Tribune et rosace de la façade de Notre-Dame de Pointe-Noire
A l'opposé du choeur, on trouve une tribune, vide, surmontée d'une rosace. J'ai l'impression qu'elle a perdu ses verres colorés... La tribune, ornée d'un tissu doré drapé de noir, devait-elle accueillir un orgue ? Mystère.
A la sortie, je croise un photographe congolais. Comme je m'en doutais, la cathédrale s'apprête à célébrer l'office d'un mariage. Je lui souhaite de faire de bonnes affaires à cette occasion et poursuis ma route...
Sources :
L'Église de Pointe-Noire: évolution des communautés chrétiennes de 1947 à 1975, Guy Pannier, éditions Karthala - 1999.
Les spiritains au Congo de 1865 à nos jours - Jean Ernoult - Congrégation du St Esprit- 1995
NB : on doit au même architecte, Jules Alazard, l'église Saint Christophe de Fort-de-France (1956-58).