Peu après mon départ, à partir de la mi-octobre 2010, des cas de "fièvres paralysantes" ont été observés à Pointe-Noire. Certains malades sont morts dans les deux-trois jours suivant les premiers symptômes, semant la panique dans la population. En quelques semaines, on dénombre plusieurs dizaines de morts.
Début novembre 2010, l'épidémie est identifiée comme étant liée au virus de la poliomyélite, maladie très contagieuse se transmettant par voie oro-fécale. Le virus attaque le système nerveux central (la moelle épinière) entraînant souvent des paralysies irréversibles et parfois la mort.
La transmission du virus se fait principalement par les eaux souillées par les selles, eau qui contamine à son tour les fruits et les légumes. Quand on connaît l'absence de réseau d'égouts digne de ce nom à Pointe-Noire, les conditions déplorables d'hygiène dans les quartiers pauvres, et l'absence de réseau d'eau potable, on comprend comment l'épidémie peut se répandre rapidement. On retire alors l'eau du puits contaminée par la fosse à merde située à côté... La guerre civile au Congo a aussi provoqué une absence de vaccination d'une partie de la population entre 1990 et 2000. Les jeunes de 15-25 ans sont particulièrement concernés.
Campagne de vaccination (© Afriqueactu.net)
Il faut attendre la mi-novembre pour qu'une grande campagne de vaccination soit lancée à Pointe-Noire, avec l'aide de l'OMS et de l'UNICEF. C'est la seule solution pour lutter préventivement contre l'épidémie. La maladie étant devenu moins fréquente dans le pays, un relâchement de la vaccination dans la population a aussi eu lieu. La poliomyélite émerge alors de nouveau avec des cas importés des pays voisins. Il semblerait que le virus ponténégrin provienne de l'Angola, via le Cabinda tout proche.
Après plus de 200 morts, dont une bonne partie à Pointe-Noire, l'épidémie semble aujourd'hui jugulée au Congo. Quelques cas ont été relevés à Dolisie et NKayi. L'épidémie a été très virulente avec un taux de décès des personnes atteintes de l'ordre de 40%. Elle est en tout cas révélatrice de l'état sanitaire du pays.
Sources :
http://www.ipsinternational.org/fr
http://www.afriqueavenir.org/
http://www.jeuneafrique.com/Article/DEPAFP20101203094614/