C'est la reprise du travail en ce lundi. La journée est marquée par une longue panne d'électricité en début d'après-midi. Pas d'alimentation électrique, pas d'ordinateurs... Croisant le Dr Atanda dans la salle d'attente, il me demande en plaisantant si c'est à cause de moi ! Mais non, le Dieu de l'électricité n'est simplement pas avec nous aujourd'hui. Il doit être d'ailleurs avec les téléphones portables, car je note que celui de Christian comporte en guise de sonnerie... une prière.
Willy, l'infirmier, me dit une nouvelle fois bonjour. Je lui fais remarquer : "On s'est déjà vu ce matin ?". Il éclate de rire : "C'est comme ça que l'on reconnaît les Français !!". Au Congo, on se salue en effet sans problème plusieurs fois par jour. En France, on essaye de se souvenir qui on a déjà croisé... pour ne pas dire bonjour deux fois !
Au chômage technique, je décide de faire un tour à pied dans le quartier. Justement, on creuse des tranchées pour tirer de nouveaux câbles électriques. Le réseau en provenance de la centrale thermique de Djéno doit permettre de mieux alimenter la ville.
Tranchée et câbles électriques
Je vais jusqu'au bout de la rue, pour photographier l'imposant chantier de la place Antonetti. Au bord de l'Avenue de Gaulle, un immeuble de 5 niveaux prend forme. Il doit parait-il accueillir ensuite le magasin Casino. En ce début d'après-midi la circulation est assez dense, véhicules et piétons se croisent dans tous les sens, autour du demi rond-point.
Chantier de la Place Antonetti
Je rebrousse chemin et décide de faire un cliché d'une petite maison coloniale repérée à l'aller. Elle est malheureusement en partie masquée par des palissades. Un chantier de réhabilitation est en cours juste derrière le siège de Total. La maison est typique avec son perron à colonnade, son toit pointu et ses volets en persienne. Elle est bien sûr défraîchie et les tôles du toit sont très rouillées. Mais elle garde tout son charme, rehaussé par le bleu et blanc de la façade. J'espère qu'elle ne sera pas détruite !
Maison coloniale
Quelques mètres plus loin, un homme en uniforme m'interpelle à travers l'ouverture d'un mur peint en bleu et blanc. Il me dit d'un ton sec "Vous pouvez rentrer là tout de suite, s'il vous plaît !". Zut, le photographe est repéré ! Je lui réponds "Pour quelle raison ?" et je poursuis mon chemin en accélérant le pas. Je compte alors sur l'effet de surprise... Je ne me retourne pas avant de bifurquer à droite au bout de la rue. Le planton est sorti sur le trottoir, mais visiblement n'a pas osé quitter son poste pour me poursuivre. Ouf ! Heureusement que l'esprit d'initiative n'est pas toujours au rendez-vous. De plus, je n'ai rien fait de mal. En tout cas, j'ai sans doute économisé du temps et... quelques billets.
J'apprendrai le lendemain que le bâtiment bleu et blanc abrite la direction de la Police ! Encore une zone à éviter, lorsqu'on a un appareil photo en bandoulière.
Après la balade, toujours pas d'électricité. Je discute avec les employés de la clinique. On déplore le manque d'infrastructures. Le pays ne manque pourtant pas de fleuves et de rivières ! Le barrage d'Imboulou, situé au nord sur la Léfini, n'est pas achevé. Le barrage de Moukoukoulou sur la Bouenza, alimente Dolisie mais pas suffisamment Pointe-Noire. Plus près, le barrage de Sounda, sur le fleuve Kouilou, n'a jamais vu le jour. Le réseau de la SNE est vétuste. La capitale économique n'est pas alimentée à la hauteur de sa consommation.
Jean-Louis croit que le Congo a vendu de l'électricité à la Chine !! Très peu probable, par quel réseau l'aurait-on transportée jusqu'à là bas ?? Les chantiers de construction des barrages ou de révision sont confiés à des entreprises chinoises, ce qui n'est pas pareil. Ce serait même plutôt l'inverse, le Congo achète de l'électricité à son voisin, la RDC.
Enfin, vers 16h, le courant est rétabli !