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31 mars 2015 2 31 /03 /mars /2015 21:45

J'ai trouvé un ancien cliché de l'hôtel du Plateau, que j'avais déjà évoqué précédemment sur le blog (cf http://voyage-congo.over-blog.com/article-pointe-noire-colonial-hotel-plateau-122351538.html ).

Cet hôtel de Pointe-Noire, l'un des premiers de la ville,  est tout juste sorti de terre ! L'avenue de Gaulle, au premier plan, n'est encore qu'une piste de sable. Le cliché date probablement de 1935-1940.

Pour l'anecdote, les lettres de la façade de l'hôtel, n'étaient pas encore peintes lors de la photo... Elles ont donc été ajoutées ensuite directement sur la carte postale !

On le détecte au relief créé par la frappe, en passant le doigt dessus, et également au " T " de "Restaurant" qui est un peu suspendu dans le vide.

L'éditeur de la carte postale,"Photo-Océan", était sans doute un proche de la famille Anselmi.

Hôtel du Plateau - Etablissement L. Anselmi - Pointe Noire - AEF (carte postale vers 1940 - © BR Photo-Océan)

Hôtel du Plateau - Etablissement L. Anselmi - Pointe Noire - AEF (carte postale vers 1940 - © BR Photo-Océan)

Tous les volets ne sont pas posés, il n'y a pas de portes à l'entrée. Si bien que l'on voit au travers de l'hôtel, notamment une échelle en arrière plan ! Les marches d'escalier ne sont pas encore coulées.

Quatre colons prennent la pose devant l'entrée, un adolescent (?) à gauche, grimpé sur un vélo, une femme en robe sombre, deux hommes habillés pareillement, casque colonial, chemise blanche et pantalon clair. Serait-ce la famille Anselmi ?

Tout à droite, on remarque un employé Noir, debout près des volets.

Entrée de l'hôtel du Plateau, encore en chantier (extrait carte postale vers 1940 - © BR Photo-Océan)

Entrée de l'hôtel du Plateau, encore en chantier (extrait carte postale vers 1940 - © BR Photo-Océan)

Cette toute première version de l'hôtel du Plateau sera modifiée. Les deux petites portes d'entrée, sans doute peu pratiques, seront murées et remplacées par une large ouverture, qui prendra naissance dans la fenêtre existante au centre de ce pan de mur.

 

La construction sera rallongée de 3 travées (on compte 3 fenêtres supplémentaires) sur sa partie gauche. Et cette fois, les lettres seront véritablement posées sur la façade du commerce ponténégrin !

Les établissements Louis Anselmi annoncent la couleur et l'hôtel "Au Plateau" a désormais fière allure. Les belles voitures sont aussi de sortie.

Hôtel "Au Plateau" à Pointe-Noire vers 1940-45 (carte photo Anonyme)

Hôtel "Au Plateau" à Pointe-Noire vers 1940-45 (carte photo Anonyme)

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22 mars 2015 7 22 /03 /mars /2015 22:30
Ballaké Sissoko à la kora

Ballaké Sissoko à la kora

Dans le cadre du festival "Détours de Babel", j'ai assisté au concert d'un musicien malien de renom. Ballaké Sissoko est un joueur de kora, harpe-luth à 21 cordes, instrument traditionnel des "djeli" de la culture mandingue. Les djéli sont des musiciens-conteurs assimilables aux fameux griots d'Afrique de l'Ouest.

Ballaké Sissoko est issu d'une famille de joueurs de kora, son père Djelimady, très renommé au Mali, ses deux grands-pères, pratiquaient cet instrument. J'avais découvert ce musicien un peu par hasard en achetant un de ses premiers albums "Déli" édité en l'an 2000 (éditions musicales du Label Bleu).

Il se produisait ce dimanche à proximité de Grenoble, dans le cadre singulier de l'église St Hugues de Chartreuse (Musée d'Art sacré contemporain http://www.saint-hugues-arcabas.fr/1299-collection.htm). C'était donc l'occasion de le découvrir "en vrai". Passé les virages, les nappes de brouillard et les tas de neige, le printemps ayant reculé ce week-end d'un pas vers l'hiver, c'est la petite église qui s'offre au regard au fond d'un vallon entouré de sapins. Eglise de fait trop petite pour accueillir les spectateurs amassés à ses pieds. La notoriété du musicien et la gratuité du concert sont sans doute les causes de ce succès inattendu. Tout le monde n'a pas pu rentrer, et j'ai fait partie des dix derniers spectateurs admis à pénétrer dans l'édifice. Contraint ensuite de rester debout !

Mais je n'ai pas du tout regretté ce petit désagrément. On pouvait craindre que le musicien en solo, avec ce seul instrument, ait du mal à remplir l'espace, orné des couleurs chaudes du peintre Arcabas, ou à captiver le public dominical. Mais tel n'a pas été le cas.

Après une brève présentation de la part des organisateurs du festival, l'homme habillé d'une sobre gandoura bleu ciel s'est assis derrière sa harpe-luth et a entamé sans un mot,  après quelques petits réglages, le premier morceau. Très rapidement, on est pris dans l'ambiance, les sonorités particulières de la kora issues des combinaisons infinies des 21 cordes, la virtuosité de l'interprète vous embarquent... Il fait véritablement corps avec son instrument, les mélodies s'envolent au gré des doigts agiles qui parcourent les cordes, les grappes de notes s'échappent comme par magie. Sa musique est propice à l'évasion et à l'introspection. Elle dégage beaucoup d'émotions. C'est l'effet recherché par le musicien, Ballaké Sissoko est fidèle à la tradition, mais s'autorise des compositions nouvelles et des improvisations. Pas de chant, seuls quelques sons s'échappent parfois de la gorge de l'artiste pour rythmer ses mélodies.

 

Seul petit bémol, la mauvaise sonorisation qui rendait difficile la compréhension des propos du musicien entre deux morceaux. Il faut dire que si l'homme s'exprime pleinement à travers son instrument, il est plus timide devant un micro. Nous lui pardonnons bien volontiers ! Il a expliqué n'être pas allé très longtemps à l'école (il a effectué son premier concert au Mali à 13 ans) et ne maîtriser correctement le français que depuis quelques années. Il a raconté que ses enfants le reprennent parfois pour parvenir à une expression ou une prononciation correcte.

La caisse de résonance de la kora est une calebasse (http://voyage-congo.over-blog.com/article-art-congolais-femme-mbeti-calebasse-112554392.html). Ballaké Sissoko nous a conté qu'il laissait le choix de la calebasse à sa mère, expérience oblige, et qu'il lui fallait aussi une taille compatible avec les voyages en avion ! Il a précisé qu'il n'utilisait actuellement que deux koras.

Ballaké Sissoko et son instrument © B.Peverelli

Ballaké Sissoko et son instrument © B.Peverelli

Le musicien, en dépit de sa renommée internationale, fait visiblement preuve de simplicité et d'humilité. Il est venu à la fin du concert échanger quelques mots avec les spectateurs, intrigués par son merveilleux instrument, et donc venus (comme moi) voir de plus près sa kora. Ballaké Sissoko était visiblement heureux d'avoir conquis son public, qui l'a chaleureusement applaudi.

 

En ces temps troublés où les fanatiques de tout poil cherche à diviser l'Humanité, puisse la musique et les gens de bonne volonté se rassembler autour de valeurs communes. Rêvons un peu, partageons nos cultures, soyons tolérants, et envolons nous, au moins par l'esprit, vers l'Afrique avec les tonalités de la kora venues du fond des âges...

Si vous croisez Ballaké Sissoko sur votre route n'hésitez pas à découvrir cet artiste !

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