Je poursuis ma route jusqu'au bout de l'avenue Loango. Je tourne à gauche pour remonter l'avenue Félix Eboué. Elle est plus animée, de part la présence de quelques commerces et l'accès de nombreux véhicules au port. Je dépasse la station service, face à laquelle se trouve d'autres bâtiments anciens (cf Bâtiments coloniaux : compagnie CFHBC et concession Portella). Le soleil commence à bien taper.
Je tourne à gauche pour emprunter les petites rues du quartier, que je traverse à pied pour la première fois. Nous sommes à Djindji, berceau de la ville de Pointe-Noire. Les bas-côtés sont agrémentés d'une épaisse couche de sable.
Panneau tout neuf à l'angle de la rue
Progrès notable, je constate que depuis mon dernier séjour un effort considérable a été entrepris afin d'identifier les artères de la ville. Ainsi des panneaux indiquent aux intersections, les noms de l'arrondissement et de la rue.
Je remarque une maison coloniale au style surprenant. Elle évoque le pays basque à travers ses frontons ornés de bandes rouges et ses petites ouvertures triangulaires. Bien sûr, il ne s'agit pas de bois mais de béton... repeint assez récemment. Petit détail, le mur extérieur a été recouvert de morceaux de verre brisé pour dissuader d'éventuels intrus.
Maison coloniale du quartier Djindji
En fait, le régionalisme était à la mode en France pour les villes balnéaires. Une clientèle aisée opte à cette époque pour le tourisme côtier et cherche à reproduire l'architecture locale dans les nouvelles constructions. Pointe-Noire n'y a pas échappé dans les années 1930-1940 ! La gare et quelques maisons sont de style néo-normand, d'autres bâtiments de style néo-basque.
On trouve également quelques constructions de ce type à Brazzaville, comme la maison d’un officier de l’armée de l’air dans le quartier du Clairon, de style néo-basque (architecte G. Crételle).
Maison de style "régionaliste" du Quartier du Clairon à Brazzaville (1945-1951 © B. Renoux)
Pour le colon souffrant du mal du pays, un rappel à la "mère Patrie" est toujours bon à prendre !
" Dans l’architecture située aux franges du territoire national comme dans les colonies, le “local”, importé, prend une valeur de référence. Le néo-basque de Pointe-Noire ou de Brazzaville est un rappel direct de l’architecture de la “grande patrie”, destiné à assimiler le colon à un estivant des territoires d’outre Atlantique. En métropole, l’idéologie régionaliste se veut une arme contre la ville industrielle et centralisée ; elle s’exprime comme un marqueur de la villégiature du bord de mer, au carrefour entre la culture internationale et les cultures régionales."
Partant de Djindji, j'ai creusé la question de l'origine de la dénomination de "Pointe-Noire" par les européens.
Sources :
L’assimilation du régionalisme dans l’architecture balnéaire (1830-1940) - Bernard TOULIER - 2001
Conservation du Patrimoine : Inventaire Général, ADAGP, 1995-1996