Après ce détour ferroviaire, je reviens à mon récit... Nous filons chez Patrice avec notre taxi. Nous plaisantons avec le chauffeur sur le fait que tout devient "chinois" maintenant ! Le train, les routes, les ponts, les barrages, les camions... Les téléphones portables sont coréens et les voitures japonaises. Mais la route défoncée est, elle, bien congolaise !
Une jeune fille a l'embonpoint assuré traverse nonchalamment la route devant nous. Patrice dit : "Elle est plusieurs !". Charmante expression qui nous fait rire.
Devant la centrale électrique, un taxi effectue le dépassement hasardeux d'un gros camion. Nous sommes en face... Ouf, ça passe.
Nous bifurquons plus loin devant l'hôtel Pemba et empruntons la piste jusque devant la maison. La parcelle d'à côté est inondée, des sacs ont été posés dans l'eau saumâtre pour faire un chemin d'accès à l'habitation. Des canards ont même pris place dans la mare ! Je dis à Patrice que cela doit lui attirer aussi des moustiques.
Paule et sa poupée
Devant la maison familiale, assis sur le muret, des jeunes femmes se chamaillent. Elles sont à deux doigts de se frapper avec un parapluie !!
Nous entrons. Allan passe le balai. Nous prenons place dans le canapé et Sofian va acheter une bière. La Turbo King, la préférée d'Aurélien, mais Patrice n'y tient pas. Il n'en boit pas, car selon lui, elle le "rend malade". La petite Paule nous sert la main pour nous dire bonjour.
La maison est encore une fois privée d'électricité, suite à l'orage de cette nuit. Je commence la distribution de cadeaux, par les chocolats. Bon, avec la chaleur, ils fondent vite et Paule s'en met partout.
Patrice, Chance et sa poupée
Les filles ont droit à une poupée (merci à mes nièces !). Chance m'avait demandé la dernière fois une Barbie. Paule est un peu effrayée par les cheveux ébouriffés de la sienne. Je suggère de lui faire des tresses africaines pour y remédier !
Les garçons plus grands ont droit à des bouquins. Enfin, c'est pour toute la famille. Allan se porte nettement mieux que lors de ma dernière entrevue. Il n'a pas refait de crise, croisons les doigts pour que son problème cardiaque ne le reprenne pas.
Il y a aussi le petit Yohann qui vient me dire bonjour. C'est le petit-fils. Patrice explique à Aurélien qu'il a neuf enfants.
Puis c'est Rosine qui arrive du marché avec Chris St Euge. Elle porte un beau pagne coloré, à l'effigie du président congolais. Elle est souriante. Mais Chris repart à l'église. Il doit remplacer, pour jouer du piano, un camarade qui a été hospitalisé. Patrice ne savait pas que son fils pratiquait, modestement, cet art !
Allan plongé dans son livre
Patrice tente de "convertir" Aurélien à la croyance en Dieu. Pour lui, c'est certain, il existe une force divine. Mais c'est peine perdue, mon collègue est complètement hermétique au fait religieux. Je feuillette avec Allan un livre et nous regardons les animaux des différents continents.
Sous les tôles, il fait bien chaud et le visage d'Aurélien ruisselle. Il sue à grosses gouttes. La bière ne doit pas arranger les choses... Rosine se moque un peu de lui : "Eh bien dit-on, il a chaud !".
J'appelle Manu pour avoir des nouvelles. Il n'a toujours pas réussi à joindre la loueuse qu'il visait...
Après ce sympathique moment passé en famille, nous décidons de rentrer. Nous rejoignons à pied la route goudronnée. Sur le chemin, Patrice me présente son "demi-frère". Intrigué, j'apprends qu'ils n'ont pas de lien de sang, mais ils ont eu la même "mère nourricière".
Nous reprenons un taxi. Il a sur son tableau de bord un boîtier qui me rappelle quelque chose. Je l'interroge, c'est bien un GPS, mais... il ne fonctionne pas à Pointe-Noire !
Arrivés devant l'hôtel, nous sommes "interpellés" par un vendeur ambulant. Le jeune homme a quelques colliers, statuettes et peintures sous la main. Les peintures sont assez quelconques, produites en série.
La négociation est difficile avec Aurélien qui est très peu intéressé. J'aide le vendeur, prénommé Guillaume, en lui suggérant des achats, pour faire des petits cadeaux à sa famille. C'est la première fois qu'il vient au Congo ! Finalement, il prend un bracelet et un collier en hématite.
En repartant, j'entends le vendeur dire : "Il est dur le petit !".