Après notre découverte des vestiges des premiers travaux entrepris pour le barrage, nous faisons demi-tour. A peu près à mi-chemin, je remarque une sorte de cabine en tôle rouillée, envahie par la végétation. On m'explique qu'elle donne sur un regard permettant d'accéder à la conduite (canal de dérivation) qui passe sous nos pieds.
Je discute avec les villageois pour savoir s'il y a une liaison régulière en bateau à moteur entre Bas-Kouilou et Kakamoéka. Il n'y en a plus ! Dommage, cela permettrait de désenclaver un peu cette zone très isolée. Il faudrait étudier un modèle économique avec un prix de trajet adapté pour les voyageurs et les marchandises. Cela serait-il viable avec le prix du carburant et l'entretien du bateau ? Mais ce transport relève quasiment du service public et devrait être aidé par l'Etat !
D'ailleurs, une liaison fluviale avait été mise en place en 2002 par la société Sonako. Mais elle a été interrompue en 2007 et le bateau mis "en cale sèche". Je ne crois pas qu'elle ait reprise.
Seules des pirogues lourdement chargées effectuent régulièrement le trajet (j'en avais vu débarquer à Bas-Kouilou cf Bas-Kouilou : le pont et l'embouchure du fleuve ).
Le pont sur le Kouilou, vue de la rive droite (© Manu)
Nous retraversons le pont, cette fois sous le soleil de cet fin d'après-midi. Le pont parait moins lugubre et on remarque des traces de peinture blanche sous la rouille. Sans doute la couche d'origine vieille de plus de 50 ans...
J'en profite pour prendre un dernier cliché des gorges de Sounda, plus lumineux que les précédents et avec un beau ciel bleu, juste un peu embrumé par l'humidité de l'air.
Gorges de Sounda sous le soleil
Nous saluons nos accompagnateurs, qui se dispersent après le pont. Aux abords du village, le bassin alimenté par une fontaine (où une maman lavait son enfant) est maintenant occupé par... une truie ! Celle-ci se baigne paisiblement, recherchant sans doute un peu de fraîcheur. Cela fait rire Christophe. Je n'ai pas eu le temps de dégainer mon appareil photo, le suidé est parti avant, en grommelant.
La promiscuité avec les animaux domestiques peut paraître cocasse, mais elle pose de sérieux problèmes de Santé Publique quand les maladies animales sont transmissibles à l'Homme. Propagation de l'épidémie assurée dans ces conditions !
Derrière les cases de Sounda, vue sur le bassin du Kouilou
Un peu plus loin, autre surprise de la Nature, nous voyons un porc qui monte sur un autre... Nous regardons à deux fois, mais c'est bien un mâle plus âgé, le sexe en érection, qui grimpe sur un plus jeune. Cela n'a pas l'air de déranger vraiment le cadet.
Manu prend une photo et Christophe rit de plus belle. Le vérat s'amuse avec son congénère, mais "ce n'est pas comme cela qu'il va faire des petits" concluons-nous !
Nous traversons de nouveau le village de Sounda. Des hommes assis sous un auvent (est-ce un bar ?) me réclament des cigarettes. N'étant pas fumeur, je n'en ai point... Ils n'insistent pas.
Nous croisons un jeune garçon que Christophe connait, il est en CE2. Comme il me parait bien grand pour un CE2, je demande son âge. Il a 13 ans ! Il devrait être en 5ème ou 4ème.
Christophe me montre de l'autre côté des gorges un bâtiment blanc qui accueille une école (sans doute l'une des constructions faite pour les travaux du barrage vers 1960, que l'on aperçoit sur la vue aérienne page précédente). Il m'explique que l'unique instituteur a tous les niveaux du primaire à gérer. La misère sociale est assez prononcée ici, Christophe me dit qu'il n'est pas rare que des jeunes filles de 13-14 ans tombent enceinte...
Il est temps de partir, une bonne heure de marche et plusieurs autres de route défoncée nous attendent ! A la sortie du village, nous sommes sollicités par un homme. On m'explique qu'il souhaiterait rentré avec nous à Pointe-Noire, pour aller voir son enfant qui est hospitalisé à Sicé. Difficile de refuser, il a 150 km à parcourir, pas de transport en commun bien sûr... J'accepte, nous serons 5 dans le 4x4, en tassant un peu les bagages, ce sera bon !