En ce samedi matin, je me réveille après une bonne nuit de sommeil à l'hôtel de la Renaissance. Cette fois, pas de nuisance sonore pour perturber ma quiétude. Je peux prendre une douche tranquille (je regarde quand même s'il n'y a pas de petites bêtes qui se baladent...), sans coupure d'électricité.
Je peux avoir un petit-déjeuner avec du vrai café ! Le serveur est visiblement satisfait de faire fonctionner la machine qui fait du bruit pour moudre les grains de café. Notre homme veut fermer la porte de la salle et mettre la clim. Pas la peine, il fait doux et c'est très agréable d'être au naturel. La femme de ménage arrive et machinalement met la clim en marche !! Non, les Blancs ne vivent pas dans un frigo, laissez moi respirer...
Je règle mon dû à l'accueil. La veille, j'ai retiré de l'argent à un distributeur de billets très moderne, au nouveau marché de Dolisie. Il est plus sophistiqué qu'à Pointe-Noire, car il vous parle ! Seul bémol, la porte était maintenue fermée par un bidon... J'ai dû l'enlever pour rentrer dans la cabine.
Vers 8h45, je retrouve Manu et Christ et nous voilà repartis pour de nouvelles aventures... Mais nous n'allons pas bien loin, car au niveau du rond-point sur la Nationale 1, nous subissons un contrôle policier pour les papiers du véhicule. C'est au moins le 4ème je crois de notre périple...
Nationale 1 à Dolisie... attente
Cette fois le policier est particulièrement pénible et ne veut rien lâcher sur la carte grise dont l'attestation est périmée. Manu palabre avec le policier...
Pour passer le temps, je me balade alentour avec Christ. Nous sommes au pied d'une colline dénudée, mais qui a gardé en son sommet un très bel arbre. A 50 m devant nous, on trouve un camion en rade. De pauvres bougres sont allongés là en attendant qu'on les dépanne. Je leur dis bonjour et l'un d'eux qui est moins timide (ou plus affamé) engage la conversation. Il m'explique qu'ils sont ici depuis hier matin, sans rien manger. Je prends pitié de lui et l'invite à venir manger une banane. Il se prénomme Didier. Bizarrement, il me demande dans la conversation si je ne pourrais pas lui trouver... un tracteur ! Il pense que je pourrais facilement lui en amener un d'Europe, car ici "il n'a rien". Quelle étrange idée, je lui explique que c'est très cher d'acquérir un tracteur et qu'en faire venir un par bateau ne doit pas être donné non plus. Croyait-il que le Blanc allait faire un miracle ou m'a-t-il pris pour un richissime homme d'affaires !?
Pendant ce temps, Manu a été obligé de faire appel au propriétaire du véhicule pour débloquer la situation. Nous avons perdu une bonne demi-heure. J'ai l'impression qu'une histoire de Colonel a été évoquée. Mais on n'a pas donné un seul billet...
Péage de Moukondo à la sortie de Dolisie
Nous filons en direction du Mayombe et repassons le péage de Moukondo, près du célèbre baobab. Devant nous, roule à vie allure un pick-up. Un homme habillé d'un beau costume est à l'arrière. J'ai bien peur qu'il ramasse un peu de poussière et ne reste pas longtemps nickel... Je lui fais un signe et il me réponds.
J'ai appris que le chantier de la Nationale 1 ne s'est pas terminé sans heurts entre l'entreprise chinoise et les ouvriers congolais. Un accord avait été signé pour un meilleur traitement des ouvriers en février 2011. Accord non respecté par l'employeur. Les ouvriers dénonçant des "traitements inhumains et dégradants" ce sont mis en grève en avril 2011, notamment à la base de Moukondo. De l'ordre de 1500 grévistes tout de même ! Une centaine de manifestants s'est rendue à la préfecture de Dolisie, occasionnant des affrontements avec les forces de l'ordre, qui auraient tiré en l'air à balles réelles. Deux blessés légers ont été dénombrés.
En représailles le lendemain, des dizaines de véhicules de la base de Moukondo ont été saccagés et les bureaux pillés. Deux responsables chinois ont été tabassés... Un salaire misérable pour des tâches pénibles (environ 80 000 FCFA, moins de 150 Euros par mois) et les médiocres conditions de travail expliquent cela.
Le Ministre de l'Intérieur est venu en personne à Dolisie pour rétablir l'ordre, rassurer les Chinois et apaiser les tensions (source : http://www.zenga-mambu.com). La vitrine publicitaire de la réussite du grand chantier de la Nationale 1 est un peu écornée...
Brouillard dans le Mayombe
Dans les plus hauts sommets du Mayombe, nous sommes noyés dans un épais brouillard. On ne voit pas loin ! Sur cette route sinueuse, je serre les fesses en espérant qu'il n'y ait pas un gros camion en face... Il n'y a que deux voies, et vu la conduite aléatoire des chauffeurs...
Le brouillard disparaît soudain en redescendant un peu. Nous avons vu sur la voie opposée un camion qui a brûlé, en affrontant l'ascension du Mayombe, vers le Mont Bemba. Sans doute un coup de chaud du moteur (?) et le camion a pris feu ! Ceci semble assez fréquent, étant donné la vétusté des véhicules, et le problème de la dégradation rapide de la chaussée se pose. En effet, le bitume fond sous l'effet de la chaleur de l'incendie. Conséquence, on fait déjà des rustines sur la Nationale toute neuve.
Forêt près du péage de Malélé
Nous traversons le Mayombe en deux petites heures, sans difficulté, à part quelques frayeurs vis à vis des camions croisés. Mais cela n'affole pas Manu. Nous bifurquons à droite au rond-point de Malélé. Nous effectuons une pause pipi et casse-croûte après le péage tout neuf.
C'est là que le goudron disparaît et que nous retrouvons une route en chantier. Direction, les gorges de Sounda !