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19 mai 2012 6 19 /05 /mai /2012 09:00

En ce samedi matin, je me réveille après une bonne nuit de sommeil à l'hôtel de la Renaissance. Cette fois, pas de nuisance sonore pour perturber ma quiétude. Je peux prendre une douche tranquille (je regarde quand même s'il n'y a pas de petites bêtes qui se baladent...), sans coupure d'électricité.

Je peux avoir un petit-déjeuner avec du vrai café ! Le serveur est visiblement satisfait de faire fonctionner la machine qui fait du bruit pour moudre les grains de café. Notre homme veut fermer la porte de la salle et mettre la clim. Pas la peine, il fait doux et c'est très agréable d'être au naturel. La femme de ménage arrive et machinalement met la clim en marche !! Non, les Blancs ne vivent pas dans un frigo, laissez moi respirer...

Je règle mon dû à l'accueil. La veille, j'ai retiré de l'argent à un distributeur de billets très moderne, au nouveau marché de Dolisie. Il est plus sophistiqué qu'à Pointe-Noire, car il vous parle ! Seul bémol, la porte était maintenue fermée par un bidon... J'ai dû l'enlever pour rentrer dans la cabine.

 

Vers 8h45, je retrouve Manu et Christ et nous voilà repartis pour de nouvelles aventures... Mais nous n'allons pas bien loin, car au niveau du rond-point sur la Nationale 1, nous subissons un contrôle policier pour les papiers du véhicule. C'est au moins le 4ème je crois de notre périple... 

 

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Nationale 1 à Dolisie... attente

 

Cette fois le policier est particulièrement pénible et ne veut rien lâcher sur la carte grise dont l'attestation est périmée. Manu palabre avec le policier...

Pour passer le temps, je me balade alentour avec Christ. Nous sommes au pied d'une colline dénudée, mais qui a gardé en son sommet un très bel arbre. A 50 m devant nous, on trouve un camion en rade. De pauvres bougres sont allongés là en attendant qu'on les dépanne. Je leur dis bonjour et l'un d'eux qui est moins timide (ou plus affamé) engage la conversation. Il m'explique qu'ils sont ici depuis hier matin, sans rien manger. Je prends pitié de lui et l'invite à venir manger une banane. Il se prénomme Didier. Bizarrement, il me demande dans la conversation si je ne pourrais pas lui trouver... un tracteur ! Il pense que je pourrais facilement lui en amener un d'Europe, car ici "il n'a rien". Quelle étrange idée, je lui explique que c'est très cher d'acquérir un tracteur et qu'en faire venir un par bateau ne doit pas être donné non plus. Croyait-il que le Blanc allait faire un miracle ou m'a-t-il pris pour un richissime homme d'affaires !?

 

Pendant ce temps, Manu a été obligé de faire appel au propriétaire du véhicule pour débloquer la situation. Nous avons perdu une bonne demi-heure. J'ai l'impression qu'une histoire de Colonel a été évoquée. Mais on n'a pas donné un seul billet...

 

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Péage de Moukondo à la sortie de Dolisie

 

Nous filons en direction du Mayombe et repassons le péage de Moukondo, près du célèbre baobab. Devant nous, roule à vie allure un pick-up. Un homme habillé d'un beau costume est à l'arrière. J'ai bien peur qu'il ramasse un peu de poussière et ne reste pas longtemps nickel... Je lui fais un signe et il me réponds.


J'ai appris que le chantier de la Nationale 1 ne s'est pas terminé sans heurts entre l'entreprise chinoise et les ouvriers congolais. Un accord avait été signé pour un meilleur traitement des ouvriers en février 2011. Accord non respecté par l'employeur. Les ouvriers dénonçant des "traitements inhumains et dégradants" ce sont mis en grève en avril 2011, notamment à la base de Moukondo. De l'ordre de 1500 grévistes tout de même ! Une centaine de manifestants s'est rendue à la préfecture de Dolisie, occasionnant des affrontements avec les forces de l'ordre, qui auraient tiré en l'air à balles réelles. Deux blessés légers ont été dénombrés. 

En représailles le lendemain, des dizaines de véhicules de la base de Moukondo ont été saccagés et les bureaux pillés. Deux responsables chinois ont été tabassés... Un salaire misérable pour des tâches pénibles (environ 80 000 FCFA, moins de 150 Euros par mois) et les médiocres conditions de travail expliquent cela.

Le Ministre de l'Intérieur est venu en personne à Dolisie pour rétablir l'ordre, rassurer les Chinois et apaiser les tensions (source : http://www.zenga-mambu.com). La vitrine publicitaire de la réussite du grand chantier de la Nationale 1 est un peu écornée...

 

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Brouillard dans le Mayombe    

 

Dans les plus hauts sommets du Mayombe, nous sommes noyés dans un épais brouillard. On ne voit pas loin ! Sur cette route sinueuse, je serre les fesses en espérant qu'il n'y ait pas un gros camion en face... Il n'y a que deux voies, et vu la conduite aléatoire des chauffeurs...


Le brouillard disparaît soudain en redescendant un peu. Nous avons vu sur la voie opposée un camion qui a brûlé, en affrontant l'ascension du Mayombe, vers le Mont Bemba. Sans doute un coup de chaud du moteur (?) et le camion a pris feu ! Ceci semble assez fréquent, étant donné la vétusté des véhicules, et le problème de la dégradation rapide de la chaussée se pose. En effet, le bitume fond sous l'effet de la chaleur de l'incendie. Conséquence, on fait déjà des rustines sur la Nationale toute neuve.

 

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Forêt près du péage de Malélé

 

Nous traversons le Mayombe en deux petites heures, sans difficulté, à part quelques frayeurs vis à vis des camions croisés. Mais cela n'affole pas Manu. Nous bifurquons à droite au rond-point de Malélé. Nous effectuons une pause pipi et casse-croûte après le péage tout neuf.

C'est là que le goudron disparaît et que nous retrouvons une route en chantier. Direction, les gorges de Sounda !

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18 mai 2012 5 18 /05 /mai /2012 19:00

Revoilà notre ville étape où nous devons trouver un hôtel avant la nuit. Cette fois, c'est moi qui décide ! Je n'ai pas envie de retourner dans l'hôtel où j'ai mal dormi mardi.

J'opte pour l'hôtel de la Renaissance près de l'aéroport. Le réceptionniste reconnaît son client occasionnel. Je visite trois chambres du rez-de-chaussée et fais mon choix. Heureusement que je n'ai besoin que d'une nuit, car demain l'hôtel est complet. Il a été réservé par une délégation de la mairie de Pointe-Noire, qui vient fêter les 90 ans de la ville océane. Je n'en vois pas trop l'intérêt à Dolisie, mais bon...

 

Nous filons ensuite dans le quartier situé en dessous de Notre-Dame de Fatima. Il s'agit de retrouver l'hôtel habituel de Manu dans le quartier Bakongo. Je lui dis de tourner à gauche, mais une fois de plus, il ne m'écoute pas... Il descend quelques rues plus bas, et finalement fait demi-tour pour prendre la voie que je lui indiquais ! Christ fait la remarque, à juste titre, que le Manu est têtu... C'est l'un de ses petits défauts. Nous retrouvons l'hôtel Eden, qui a perdu ses palissades en tôles et présente ainsi un bien meilleur aspect extérieur. Par contre, le tarif a un peu augmenté, c'est 10 000 FCFA non négociables. Christ et Manu choisissent une chambre à leur convenance, nous voilà donc tranquilles.

 

Après un peu de repos, nous partons nuitamment à la quête d'un restaurant. Nous nous y prenons assez tôt, car d'expérience, passé 20h30, on ne trouve pas toujours ce que l'on souhaite à Dolisie. Manu suit mon choix et j'opte pour le "G4", où nous avions déjà bu un verre.

Nous nous garons à proximité et sur le trajet, un autre restaurateur nous propose de manger... du singe. C'est inscrit sur son ardoise. Non merci, je n'ai pas envie de manger un beau cercopithèque à face bleue (cf  Loudima : le chasseur de singe...) ou l'un de ses cousins primates, espèce protégée peut-être.

 

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Toit en bambous du restaurant le G4

 

Nous entrons sous le toit bardé de bambous où pendent quelques publicités pour de la bière, formant ainsi un contraste insolite. Nous discutons avec la patronne pour savoir ce qu'elle a à nous proposer ce soir. Marché conclu, cela convient à tout le monde ! 

 

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Christ, Godefroy et Manu au G4

 

Le restaurant ne paye pas de mine (rien à voir avec certains restos tape-à-l'oeil de Pointe-Noire), mais Manu nous dit que parfois des "autorités" viennent manger ici. C'est donc une bonne adresse !     

Mes amis commandent du sibissi (rat aulacode, vu il y a peu dans cette même ville, Etape à Dolisie... petit et gros rongeur ! ) et moi des missalas (crevettes), le tout accompagné de bananes. L'indispensable bière, Turbo ou Doppel, complète le repas.

 

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Un repas bien mérité !

 

Nous n'attendons pas trop longtemps, le service est assez efficace. Manu a appelé son oncle Godefroy, notre contact local. Il dormait, mais vient nous rejoindre pour boire une bière.

Une télévision diffuse un programme local aux images plus ou moins précises. Je sors la carte routière pour étudier avec Manu le parcours de demain. Elle a un peu souffert, car à l'hôtel j'ai écrasé dessus une punaise de lit. Bestiole pas très ragoûtante, j'ai jeté un oeil à la literie, mais je n'en ai pas vu d'autres...

Mes missalas, spécialité de Dolisie, sont très bonnes et mes compères se régalent de leur ragoût.

 

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La patronne du restaurant, Mme Hortense

 

Je sympathise avec la patronne du G4 et lui propose de lui tirer le portrait. Elle porte un prénom au charme suranné... Hortense ! Ma proposition la perturbe un peu, elle veut à tout prix se refaire une beauté avant la photo. Elle emploie alors une charmante expression "Je vais me mirer !". Devant un fragment de miroir, elle remet sa coiffe en place.

Mme Hortense ne sait sans doute pas qu'elle utilise un vieux verbe français (employé depuis le 12ème siècle dans cette acceptation, "se regarder dans un miroir ou une surface réfléchissante"), verbe dont nous avons nous mêmes quasiment abandonné l'usage.


Nous cherchons un cadre adéquat pour le cliché. Elle monte une petite mise en scène en portant un plateau avec des bières. Je prends un premier cliché, mais le résultat ne lui plaît pas. En effet, elle sourit un peu, "Ce n'est pas beau, efface-le !". Je recommence et cette fois, c'est bon. Mme Hortense est fort sérieuse et ravissante dans son beau pagne coloré. C'est ce qui s'appelle un portrait posé ! Rien à voir avec le naturel de grand-mère Thérèse à Loudima (cf  Loudima : découverte du village (suite)...).


Je suis toujours surpris par le fait que nombre de congolais sont souriants au naturel et par contre veulent toujours être sérieux, quitte à paraître parfois sinistre, sur les photos.

 

Je demande à Mme Hortense comment lui faire parvenir le cliché. Elle me griffonne sur un bout de papier l'adresse de sa soeur à Paris. Elle doit rentrer au Congo cet été et pourra donc lui remettre la photo. J'ai tenu ma promesse et envoyé le cliché à la parente parisienne, j'espère qu'il est arrivé depuis à destination à Dolisie ! 

Par contre, j'ai complètement oublié de demander à la patronne d'où venait le nom de son restaurant. Que signifie G4 ?

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