L'après-midi du 5 octobre est plus ensoleillé. Je décide de faire un tour en ville et remonte le Boulevard du Général de Gaulle.
Je m'arrête alors devant l'église Notre-Dame de l'Assomption (fermée à la visite, en tout cas à l'heure où j'y étais). C'est une église en béton, assez imposante, datant de 1953. Côté chevet, elle ressemble un peu à un hangar ! Je découvrirai mieux l'édifice plus tard (cf Pointe-Noire colonial : cathédrale Notre-Dame ).
A proximité, se trouve l'Hôtel de Ville. Il s'agit d'un ancien bâtiment de l'époque coloniale (les arcades du rez-de-chaussée abritaient des boutiques), transformé par la suite en mairie. Remarquez les fameux "taximans" qui sillonnent toujours la ville avec leurs véhicules Toyota bleus et blancs.
Un peu plus bas, je découvre le buste de Raphaël Antonetti (1872-1938), Gouverneur Général de l'Afrique Equatoriale Française de 1924 à 1934. L'environnement n'est pas terrible... Des palissades de chantier entourent le terre-plein. Des tas de détritus se trouvent derrière les murets délimitant le monument.
Il est écrit sur la plaque commémorative qu'il fut "l'artisan inlassable de la construction du Chemin de Fer Congo Océan". Il s'agit de la ligne ferroviaire reliant Pointe-Noire à la capitale Brazzaville. Décidément, tout rappelle la présence française et la période coloniale !
Le chemin de fer fut une véritable révolution car on pouvait rejoindre la capitale en une petite journée, alors qu'il fallait une trentaine de jours pour effectuer le parcours de 510 km (par la piste des caravanes).
Commencée en 1921, la construction fut cependant un « effroyable consommateur de vies humaines », selon André Gide dans son livre Voyage au Congo.
On estimera à 16 000 morts le prix payé (évaluation du Professeur Sautter), en raison des conditions difficiles de réalisation du chantier, des nombreux ouvrages d'art à réaliser (ponts, tunnels...) et du travail forcé. En 1930, la France avait refusé de ratifier la convention internationale contre le travail forcé. Ce n'est qu'en 1946 qu'il sera interdit dans les colonies...
Aujourd'hui, le CFCO souffre d'un vieillissement important. Les voies ne respectent plus les standards internationaux. L'écartement entre les rails est par exemple très différent, 1,07 m (soit 42 pouces anglais) au lieu de 1,45 m. Nombre d'infrastructures sont très délabrées.
Près du monument, je rencontre Ambassadeur (si, si, c'est un prénom...) qui me convie à venir voir son stand d'artisanat et d'antiquités. Il veut me vendre plein de choses, à "un prix démocratique", mais je limite mes achats à trois masques miniatures en bois (une dizaine de centimètres de long). Il m'explique qu'il s'agit de masques délivrés autrefois par les chefs de village et qui servaient de sauf-conduits. Ils permettaient ainsi de circuler librement, de passer sans problème d'un village ou d'une région à l'autre. Les motifs et les couleurs variaient entre ethnies.
Son voisin de stand, Alain, qui se déclare "artiste", insiste pour que je lui achète quelque chose. Je fais l'acquisition pour une somme modique de deux porte-clés en os d'hippopotame, me dit-il.
Ma modeste expédition s'arrête là. J'ai encore les intestins en vrac et je manque d'expérience pour m'aventurer plus avant... Retour à la case départ.