Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
10 juin 2011 5 10 /06 /juin /2011 07:00

Puis nous sommes trop loin des côtes, on ne capte plus la radio. Après 1h30 de trajet, nous arrivons aux abords de la plate-forme située à 60 km en mer. Nous contournons l'impressionnante structure avec sa torchère en figure de proue. On nous annonce l'arrivée à "NKP".

C'est le moment délicat et stressant. Je resserre mon gilet de sauvetage. Ce n'est pas le moment de faire des photos, le téléphone portable est rangé... Lors de l'accostage, cela tangue beaucoup, il faut s'accrocher ferme aux barres pour ne pas se cogner.

 

plate-forme-nkossa

A l'approche de la plate-forme

 

Nous sortons sur le pont du surfer. Il faut se tenir aux cordes tendues comme indiqué dans le film vu à terre. Je suis derrière Jean-Jacques, un ami d'Olivier, qui l'avait informé de ma présence à bord.

Il ne faut pas réfléchir et foncer. Je donne mon sac et saute sur l'échelle pour grimper sur la structure. J'évite de regarder l'eau qui s'agite sous mes pieds. Ce n'est pas le moment de tomber pour être coincé entre le bateau et la plate-forme ! Débarquement réussi.

Il faut ensuite monter au point de rassemblement, au 3ème niveau. Je suis bêtement les habitués en zigzaguant sur les coursives. J'ai un peu le vertige et regarde vers l'intérieur, surtout pas vers l'extérieur et la mer en contrebas.

Après avoir déposé mon gilet de sauvetage dans un petit local, nous avons droit à une séance d'information sécurité. Un jeune homme nous accueille et nous passe plusieurs petits films. Etrangement, l'installation est défaillante et le son d'un volume très faible. Notre interlocuteur emploie un jargon que je ne comprends pas toujours, car je n'ai eu aucune formation préalable. J'apprendrai ainsi plus tard que EPI signifie "équipements de protection individuels". Les risques sont notamment les dégagements de gaz H2S, mortel à forte concentration. Pour y parer, des masques sont fournis à ceux qui travaillent à l'exploitation. Un modèle "normal" et un modèle pour les barbus, problème d'étanchéité oblige. Autre risque, la radioactivité issue des roches du sous-sol (radium et radon je crois). Bien entendu, la torchère brûle le gaz associé au gisement de pétrole, les risques d'incendie et d'explosion sont très présents à bord. Sympathique comme environnement ! En mai 2007, un violent incendie a ainsi provoqué la mort de deux ouvriers congolais et fait plusieurs blessés.

 

Côté dimensions, Nkossa est une ville flottante, la barge en béton fait 220 m de long, 46 m de large et 16 m de haut. Elle a été construite en 1995 par Bouygues Offshore. La structure de 70 000 tonnes est ancrée par 170 m de fond. Elle constituait la plus grande barge flottante au niveau mondial lors de sa mise en service. Performance extraordinaire, on est désormais en mesure d'aller chercher le pétrole à 1, 2 ou 3 km sous la mer !

 

nkossa-nkp

Plate forme toute neuve (Source : grutiers.forumactif.com)

 

Le local de réunion est sur le "Floatel Lewek Chancellor", hôtel flottant annexé à la structure principale. Il faut traverser une passerelle pour rejoindre l'autre partie. Il faut respecter les signaux lumineux, car en cas de mer agitée, la passerelle se détache automatiquement. On nous explique un système de deux fiches pour repérer l'endroit où l'on est à tout instant. J'avoue ne pas avoir tout compris de ce qu'il fallait en faire... La séance terminée, on nous remet un petit livret des "12 règles d'or de l'E&P" (Exploration et Production pétrolière).

 

Je récupère mon gilet de sauvetage (je n'ai pas l'impression que ce soit le même...). Il faut rejoindre maintenant l'infirmerie. Je demande où elle se situe au responsable sécurité. Jean-Jacques se propose de me guider. Nous descendons les étages et avant la passerelle déposons une des fiches "gangway" sur un tableau. Il faut maintenant traverser la passerelle. Les plaques au sol sont ajourées, ça bouge et c'est en hauteur...

Arrivée de l'autre côté, dans la salle qui sert de point de rassemblement. Que faut-il faire ? Chercher son nom sur une liste, mais je ne suis sur aucune. Jean-Jacques m'indique la direction de l'infirmerie. Merci ! Je suis alors accueilli par Michel, l'infirmier. En fait, la liste que je cherche est dans mon dos... Les visiteurs de passage sont sur une petite liste à part. Le but est de connaître son canot de sauvetage. C'est le A et je peux donc mettre ma deuxième fiche sur le bon tableau. Je commence à piger. Michel ressort avec moi pour me montrer où se situe concrètement le canot A, en cas d'évacuation.

 

a-bord-plate-forme

A bord, vue par la fenêtre...

 

On a droit à un petit casse-crôute. Mais tout a été dévoré par les habitués ! Heureusement, il y en a encore un, mis de côté pour les néophytes comme moi. Le petit-déjeuner est déjà loin... Je mange une sorte de pain brioché et boit un soda.

Pour la formation, on perd du temps car le poste n'est pas installé. C'est un jour férié au Congo (fête de la Commémoration de la Conférence Nationale Souveraine) et la personne de permanence n'arrive pas à faire l'installation... Ma session est quant à elle verrouillée ! Finalement, on se connecte sous le profil d'Olivier pour nous débloquer.


On déjeune assez tôt vers 11h30. C'est un self de qualité honnête. La nourriture est importante quand on passe 1 mois à bord ! La salle est décorée de quelques masques congolais. Au cours du repas, certains évoquent le "Congo d'antan" des années 50-70. D'aucuns se souviennent du jour de l'Indépendance, moment mémorable pour un enfant. Avant les nationalisations, les infrastructures (téléphone, électricité...) fonctionnaient parait-il mieux, même dans les petites villes. On évoque aussi les boites de nuit de l'époque. A Pointe-Noire, attraper la chaude-pisse était un rite initiatique de passage à l'âge adulte, en fréquentant les filles de "Chez Léon" !

 On prend ensuite un café au bar, décoré d'écharpes d'équipes de foot et de rugby françaises. On peut s'y détendre, tout comme dans la (petite) salle de musculation.


La formation se poursuit l'après-midi. On oublie presque que l'on est au milieu de l'océan. Simplement, parfois cela bouge un peu. On revient à la réalité quand on regarde par la fenêtre. Michel reçoit un interlocuteur de Sodexo. Il évoque un problème d'hygiène à cause de poissons congelés livrés en vrac... La procédure n'a pas été respectée.

Vers 16h, un message sonore nous informe de la nécessité de rejoindre le point de départ. J'effectue le trajet retour avec notre visiteur, Fridolin (quel prénom !! Il désignait péjorativement en France les allemands pendant la Seconde Guerre Mondiale). Nouvelle traversée de la passerelle. Pour embarquer sur le surfer, je suis mieux guidé par le superviseur. En marche arrière sur l'échelle, on ne voit pas trop où on en est... A la voix, il m'indique jusqu'où descendre et quand sauter sur le bateau.

  

surfer-a-quai

Surfer à quai à Pointe-Noire

 

Le retour maritime s'effectue sans problème. La mer est calme. Les voyageurs fatigués ne sont pas plus bavards. L'un d'eux demande à soulager sa vessie et, surveillé par le superviseur, urine à l'arrière du surfer par dessus le bastingage. 

 

Retour à terre vers 17h45 alors que le soleil décline. Ouf, que d'émotions ! L'informatique mène à tout. Nouvelle fouille par les vigiles à la sortie. Qu'aurais-je bien pu voler à Nkossa ?? Un chauffeur attend comme prévu au bout du chemin et, avec d'autres passagers, je rejoins la résidence.

A l'issue de cette journée, je n'ai pas appris grand chose sur l'exploitation pétrolière, mais j'ai une bonne idée du contexte et des conditions de vie très particulières à bord d'une plate-forme.

 

 

Sources : 

http://www.afrik.com/article11720.html

http://fr.structurae.de/structures/data/index.cfm?id=s0004128

http://grutiers.forumactif.com/t41-barge-n-kossa

Partager cet article
Repost0
10 juin 2011 5 10 /06 /juin /2011 05:00

Lever très matinal vers 4h30... Petit-déjeuner léger à la réception de l'hôtel. Un autre lève-tôt est déjà attablé. Un homme s'est spécialement levé pour nous, pour appuyer sur le bouton de la cafetière. C'est sympa. 

Guère rassuré, armé de mon petit gilet de sauvetage me voilà prêt pour la mission du jour. Mission commando ? C'est en tout cas la première fois que je vais en mer sur une plate-forme et ce n'est pas du tout mon univers. En dehors des horaires, on ne m'a donné aucune information...

 

Pas encore très réveillé, je pars de l'hôtel à 5h30 avec "mon" chauffeur Anicet qui me conduit au site d'embarquement de la BI. Le pauvre est de corvée, alors que ce jour est férié au Congo. Après un contrôle d'identité, je chemine vers l'océan entre un mur et un grillage. On a coulé récemment du béton et une fuite d'eau s'écoule dans un affaissement de la chaussée. J'entre dans un petit bâtiment éclairé. Après une fouille de mon sac à dos, je m'assois sur une banquette en bois. Je fuis une climatisation glaciale et change de place.

On compte visiblement parmi les passagers une majorité d'habitués. Pour l'habillement, la cotte orange est de rigueur. Personne ne parle. Pour ceux qui partent longtemps, les sacs s'entassent. Un écran diffuse en boucle les consignes de sécurité pour monter à bord du surfer. Bonne idée ! C'est un film d'animation de courte durée de la société Bourbon.

 

Comme il y a deux portes de sortie, je demande à mon voisin de quel côté on part à Nkossa. Je suis du bon côté ! Un premier embarquement a lieu pour une destination que je n'ai pas retenu. Puis vers 6h10, c'est notre tour. Le jour commence à se lever. Une femme fait l'appel des passagers. Après la théorie vue à l'écran, c'est la pratique.

 

nkossa-localisation

Localisation de la plate-forme (source : grutiers.forumactif.com)


A partir d'un ponton métallique pas très haut, il faut descendre par une échelle sur le surfer. Je donne d'abord mon sac au "superviseur" (je crois que c'est le titre de sa fonction) pour avoir les mains libres.

Il n'est pas très aimable et c'est tout juste s'il ne m'engueule pas. Sans doute, un peu maladroit, ne vais-je pas assez vite pour descendre l'échelle ! Une fois sauté sur le surfer, je lui dis de faire preuve d'indulgence, car c'est ma première fois. Un peu surpris, il me fait "Ah, bon !".

 

Les passagers s'entassent un à un dans un surfer de petite taille (25 passagers je crois). En attendant, le pilote (Antoine) chasse les moustiques.


a-bord-surfer

A bord du surfer, poste de pilotage

 

C'est le départ. Le superviseur ferme le sas d'entrée. Après une manoeuvre, nous traversons la baie de Pointe-Noire au milieu d'engins flottants de toutes les tailles. La côte s'éloigne... Puis, on prend de la vitesse.

Par chance, la mer est relativement calme. Finalement, cela se passe bien. On monte et on descend, le bateau cogne parfois plus durement sur les vagues mais je ne ressens pas d'effet particulier. J'évite aussi de regarder trop à l'extérieur. Mieux vaut fixer l'intérieur du bateau, cela limite les dégâts pour le mal de mer... J'ai aussi pris en préventif un médicament contre la nausée. Je n'ai pas envie de repeindre le surfer !

 

approche-plate-forme

A bord du surfer, torchère au loin...

 

Le ciel est nuageux. La plupart des hommes (eh oui, pas de femme à bord, c'est un univers très masculin) sommeillent. Certains ont la tête sous une capuche, d'autres utilisent le gilet de sauvetage comme oreiller... Je ne dors pas, mais écoute ou plutôt entend la radio (RFI), un peu perdu dans mes pensées.

 

Partager cet article
Repost0