Suite à la fondation de la ville en 1922, un projet d'adduction d'eau potable voit le jour à Pointe-Noire en 1925 (archives AEF / Inspection Générale des Travaux Publics).
J'ai trouvé quelques clichés anciens qui correspondent vraisemblablement à ces travaux (vers 1927-1928).
Tranchée ouverte pour les conduites d'eau (© Marichelle - Loango)
Ce premier cliché montre une tranchée d'environ 2 mètres de profondeur, creusée dans un vaste plateau au sol très sableux, avec très peu de végétation.
A gauche, les canalisations (en fonte ou en béton ?) attendent d'être positionnées au creux de la tranchée.
Ouvriers congolais à la tâche sous l'œil du contre-maître (© Marichelle - Loango)
Autour et dans la tranchée, on compte une vingtaine d'ouvriers Noirs et un Européen (reconnaissable à son casque colonial blanc) qui supervise le raccordement des tronçons entre eux. On remarque deux petits panneaux rectangulaires blancs, fichés au bout de tiges plantées dans le sol (pour faire le niveau ?).
La plupart des ouvriers sont torse nu, habillés d'un simple pagne autour des reins. Quelques uns portent une chemise et parfois un chapeau. A l'arrière plan, une femme chemine avec une modeste charge posée sur la tête.
Travaux en lisière de forêt ? (© Marichelle - Loango)
Le second cliché est un peu plus difficile à interpréter. Il s'agit apparemment de travaux de terrassement, cette fois-ci dans une zone plus boisée et escarpée.
Colons et ouvriers prennent la pose (© Marichelle - Loango)
Au premier plan, la femme d'un colon pose pour la photographie. Derrière, un homme avec un casque colonial. A ses côtés, deux hommes Noirs font singulièrement un salut militaire ! S'agit-il de laptots ou autres miliciens ? Pour la plupart originaires d'Afrique de l'Ouest, ils encadraient bien souvent les autres africains travaillant au Congo.
Sur la droite, armés de pelles, cinq ouvriers déblaient un talus. S'agit-il de remblayer une tranchée située au centre, déjà refermée ?
Tranchée ouverte dans le sable (© Marichelle - Loango)
Un troisième cliché montre de nouveau une large tranchée, dans un paysage un peu plus arboré, mais cette fois, pas grand monde autour. A droite, un bras avec une chemise empiète sur le cliché ! A gauche, on note la présence d'une voie ferrée étroite (les prémices du Congo-Océan ou bien simplement une voie de service pour ce chantier ??).
Au premier plan, un tronc d'arbre est jeté au travers de la tranchée, semble t-il pour servir de pont.
Enfin au centre de la tranchée, il y a un ouvrier Noir, avec apparemment un outil ou un instrument posé devant lui. On aperçoit la canalisation sous ses pieds et l'eau qui ruisselle sur le sol.
Canalisation et ouvrier au centre de la tranchée (© Marichelle - Loango)
Les travaux d'adduction d'eau consistaient à mettre en place une grosse canalisation depuis le lac Gambouissi, situé à une quinzaine de kilomètres du centre de Pointe-Noire, afin d'alimenter l'agglomération par simple gravité (d'après P. Vennetier, 1968).
Ces photos sont collées sur un épais papier cartonné et comportent au dos le logo "Marichelle Loango".
Il s'agit bien sûr du Père Christophe Marichelle de la mission catholique de Loango, excellent photographe, qui produisit de nombreux témoignages de la vie au Congo, principalement dans le Kouilou, pendant un quart de siècle. Décédé à Loango en 1929, cela permet de dater très probablement ces clichés d'avant cette date.