La basilique emblématique de Brazzaville, avec son clocher raccourci, restera paisible pendant plusieurs décennies. A l'exception des "journées révolutionnaires" de 1963 où on brisa parait-il quelques statues.
Basilique Ste Anne vers 1970 (carte postale Iris)
Puis vinrent les temps tragiques de la guerre civile des années 1990. Les combats à l'arme lourde, en plein coeur de la capitale du Congo, font des ravages. Les factions rivales s'affrontent entre quartiers, par exemple à deux pas de là, dans la mal-nommée rue de la Paix... C'est en 1997 que la basilique est fortement endommagée.
Basilique Sainte Anne endommagée suite aux combats de 1997
La toiture est percée de part en part par des obus de mortier et autres mitrailles. Le choeur et la nef sont largement touchés et l'édifice prend l'eau de partout pendant 18 mois.
Toiture du choeur percée (1997 © cendrillonebene48)
En 1999, on prend dans un premier temps des mesures d'urgence en bâchant le bâtiment, afin d'essayer de limiter les dégâts. Mais 5 ans après, aucun chantier de rénovation n'a été entrepris et les 5 000 m2 de bâches sont hors d'usage. Il est temps d'agir pour sauver l'édifice.
Nef de la basilique entre bâches et réfection de la toiture (© Roland Patrick Mabona)
A partir de 2005, on s'attelle enfin à monter un projet de rénovation. Les évêques de France et de Brazzaville lancent un appel. Des souscriptions sont lancées pour participer au financement des travaux et on sollicite de nombreux partenaires.
Le chantier global de réhabilitation est dirigé par Pierre-Antoine Gatier, Architecte en Chef des Monuments Historiques, mandaté par le gouvernement français. La réfection des toitures en 2077-2008 est un vaste chantier. Il faut restaurer la charpente métallique, consolider les murs porteurs, poser des milliers de tuiles... On fait appel aux entreprises locales et à une entreprise italienne.
Charpentier posant des tuiles sur le toit de la basilique (© Roland Patrick Mabona)
L'ambassade de France au Congo finance le projet à hauteur de 80 000 euros, principalement pour payer l'acheminement des tuiles. Les tuiles vernissées de couleur verte proviendraient de Millau (Aveyron). Certains voient dans la forme des tuiles, des écailles de serpent. Elles sont fixées par des crochets de cuivre à la charpente.
Et puis en 2008-2009, on relance le projet de clocher, partie manquante figurant sur le plan initial de Roger Erell !
Chantier de construction du clocher en 2010 (© Roland Patrick Mabona)
On construit en 2010-2011 une flèche de 35 mètres de haut, reposant sur une structure métallique et recouverte de tuiles identiques à celles du reste de l'édifice. La forme concave et octogonale de la flèche serait inspirée de la tige de l'euphorbe.
Pour être complet, cinq cloches sont abritées dans la partie basse de la flèche. Je ne les ai pas entendu sonner !
Clocher de Ste Anne échafaudé, presque achevé (© congoman Panoramio 2010)
On inaugure le 25 mars 2011 la basilique réhabilitée et enfin achevée. Il a donc fallu attendre plus de 60 ans après l'inauguration (1949) pour que le clocher en pierre soit couronné par une véritable flèche, dont la croix s'élève à environ 60 m du sol (on trouve les chiffres les plus divers en la matière !).