Enfin, après environ 3 heures de piste, nous trouvons le bitume vers Linzolo. Des travaux de voirie sont d'ailleurs prévus dans le coin, car des engins de terrassement sont présents. Nous roulons enfin plus vite et plus paisiblement, mais... pas très longtemps.
Au péage de Nganga-Lindolo, nous tombons sur la barrière fermée et sur un "policier". L'endroit était pourtant désert ce matin... Manu râle un peu mais paye le montant demandé (2 500 FCFA je crois). C'est normal de payer le péage, mais est-ce de vrais agents et l'argent va t-il au "bon endroit" ? Nous n'avons pas eu de reçu contrairement aux péages des environs de Pointe-Noire.
A peine avons-nous parcouru quelques kilomètres, que nous tombons sur un nouveau barrage fait de bric et de broc. Mais l'homme en kaki est armé d'une mitraillette et ne donne guère envie de discuter...
Militaires armés (photo d'illustration - origine non déterminée)
Il s'agit parait-il d'un contrôle des douanes. Tous les véhicules sont arrêtés. Le militaire (du moins je présume, car j'ai bien du mal à reconnaître les uniformes congolais et à différencier les forces de l'ordre) demande une déclaration de "transport de passagers". D'après ce que je comprends des échanges, Manu explique qu'il est avec moi (un Blanc) et que nous ne faisons pas payer le transport à nos compagnons d'un soir. Finalement, un petit billet facilite le passage de l'obstacle...
Tout cela donne une ambiance assez glauque... Même si les propos restent courtois, je n'ai pas l'habitude d'être arrêté la nuit par des militaires en arme, dont le but principal est visiblement de vous soutirer de l'argent.
Troisième épisode au niveau du Djoué, à l'entrée de Brazzaville. Cette fois nous sommes stoppés à un nouveau barrage par un homme de la "brigade de surveillance du pont du Djoué". Le militaire demande les papiers du véhicule... Là encore un petit billet facilite le passage sans encombre. Triste habitude, reflet de la corruption quotidienne et sans doute de fonctionnaires mal payés ou abusant de leur pouvoir. Que peut faire un civil face à des hommes armés ? Combien de temps aurions perdu si nous avions refusé de payer ? Aurions-nous essuyé des insultes ou subi des violences ? Connaissant ces tristes méthodes, mon chauffeur n'a pas cherché les embrouilles et n'a pas envisagé de ne pas cracher au bassinet (pour reprendre une vieille expression française).
Voilà enfin Brazzaville, nous remontons l'avenue du Djoué. Il est temps car mon mal au ventre s'intensifie. A Bacongo, nous nous arrêtons devant une boulangerie. Nos passagers descendent avec armes et bagages, hommes, femmes et enfants. Nous sommes tout prêt d'un gros groupe électrogène dont le bruit est pénible et, plus encore, la fumée d'échappement m'incommode. J'ai des nausées. La vie du quartier continue la nuit, des braseros brûlent dans des bidons.
Je suis resté un premier temps dans le 4x4. Mais je trouve ce débarquement bien long... Je descends du véhicule et je constate alors que Frédéric essaye de faire payer le transport à nos passagers, assis par terre ou sur leurs bagages ! C'est moi qui règle la location du véhicule et il n'a jamais été question de cela. Je suis assez stupéfait. Misère...
Après un petit moment, Manu relève ma surprise et mon insatisfaction. Il me fait signe de mettre fin aux négociations et, un peu gêné sans doute, retourne au volant. Je demande alors à son frère Frédéric d'arrêter ces discussions. Il obtient tout de même une participation symbolique de nos voyageurs (je crois 1000 FCFA par famille), ce qui payera une partie du rançonnement policier...
Nous effectuons une dernière étape à une station service. Mais nous n'atteindrons pas les 5000 FCFA prévus... Une coupure d'électricité vient interrompre le plein de carburant ! La pompe s'arrête et on nous rembourse le manque à gagner.
C'est enfin le retour à l'auberge de la jeunesse. Il est environ 23h et je suis fatigué. Voilà plus de 4h que nous sommes partis des chutes de la Loufoulakari...

Salle de bains de l'hôtel
Manu propose d'aller manger quelque chose. Je n'ai pas du tout faim. Je décline l'invitation et lui donne un peu d'argent pour payer sa chambre. Mes comparses sont déçus mais je n'ai pas le courage de repartir, la journée a été assez longue.
Bien m'en a pris car un quart d'heure plus tard, mon mal au ventre trouve son épilogue. Je repeins littéralement la cuvette des WC par une diarrhée explosive... Je passe les détails scatologiques.
La soirée n'est pas très calme, car au stade Massamba-Débat a lieu un concert, consécutif à un meeting d'athlétisme. A vol d'oiseau, il n'est pas loin et la musique cogne fort, assez tard dans la nuit...