Nous atteignons les voies. C'est bien un train ! Il arrive tout juste à la gare de Bilala. Nous avons à peine le temps de dégainer l'appareil photo que le train redémarre... Deux promeneurs, un jeune homme et une jeune femme nous ont précédé sur le sentier.
Train en gare de Bilala (© FabMoustic)
La motrice peinte en bleu, et barrée des couleurs du Congo (vert, jaune, rouge), fonce vers nous.
Motrice du train CFCO (© FabMoustic)
Le conducteur et ses collègues du CFCO nous font un signe amical (le pouce levé) et se prêtent volontiers au cliché.
Motrice et conducteur du train CFCO (© Truuuc)
Il y a quelques passagers, avec bagages, assis derrière la rambarde de la motrice et un autre assis tout derrière. Quelques containers suivent la motrice. S'agissant d'un train de marchandises, ces passagers sont des "cabris", voyageurs non officiels mais désirant rejoindre Brazzaville ou une autre ville située sur le trajet.
Train de marchandises à Bilala (© Truuuc)
Un homme habillé d'un treillis grimpé sur un wagon nous fait par contre un signe nettement moins amical... Il passe son pouce sous sa gorge ! Signe classique pour représenter l'égorgement.
Je demande à Aurélien s'il a compris le message. Il interprète naïvement ce signe comme la seule volonté de ne pas être photographié.
Bon, il ne sait pas que le pays sort tout juste de la guerre civile et que des rebelles sont toujours actifs, particulièrement dans le Pool. Des voyageurs routiers ou ferroviaires étaient rançonnés il y a peu sur ce trajet (vers Mindouli). Cet homme a sans doute des choses à se reprocher et visiblement ne souhaite pas du tout être photographié. La réaction "normale" que j'ai déjà rencontré c'est des personnes qui vous disent simplement "pas de photo, pas de photo" ou "pas de film".
Wagons du train de marchandises (© FabMoustic)
Aurélien ne sait pas non plus que l'on peut malheureusement passer en quelques minutes de la bonhomie à la barbarie. Mieux vaut être prudent... En cas d'accident de la circulation avec un dommage corporel, le chauffeur et ses passagers peuvent être pris à partie, avec un risque de lynchage. Les phénomènes de foule sont incontrôlables. En 2005, un prêtre italien avait été lynché à mort par des villageois dans la région de la Cuvette, après avoir renversé et tué une fillette de 3 ans...
Derrière les containers, suivent des wagons bâchés. Aucune idée de ce qu'ils contiennent. Le train de marchandises est bien long !