En ce jeudi après-midi, avec armes et bagages, je repars une quatrième fois au Congo en mission professionnelle. C'est toujours empreint de sentiments ambivalents que j'effectue le voyage. Les contraintes et les risques contrebalancent le plaisir de retrouver mes connaissances ponténégrines et la perspective de faire de nouvelles découvertes.
Je quitte l'automne isérois et ses brumes matinales pour la moiteur équatoriale. Il ne fait pas froid et l'automne a été particulièrement doux cette année. Il faut quand même partir avec le manteau d'hiver car le retour en décembre risque d'être plus frisquet.
Le chauffeur de taxi me voyant bien chargé s'enquiert de ma destination. Arrivé devant la gare de Grenoble, il me demande si les congolais parlent français ! Il y a donc encore du boulot côté histoire-géo... Il est vrai que les français ont oublié leur histoire coloniale. Il serait temps, deux générations après les indépendances, de remettre à l'ordre du jour cette histoire commune et de "partager les cordes des pendus" comme le chantait Brassens. Mais apparemment, on en est loin quand on sait qu'une partie des députés a fait voter il y a quelques années une loi sur "les aspects positifs de la colonisation". Ce n'est pas avec cette vision partiale de l'Histoire que l'on pourra réconcilier les français d'origine africaine avec leur pays.
Mais revenons à mon voyage. Il se déroule sans anicroches jusqu'à Roissy. Je dépose rapidement mes bagages pour me débarrasser de mon fardeau. Pour passer le temps, j'effectue un tour dans les magasins. Dans une boutique de jouet, j'achète un petit camion pour Enoch, le fils de Gauthier, le vendeur d'antiquité (Dernier dimanche... le travail, la Cité ). A la Cité, les enfants jouent plus souvent avec des morceaux de plastique ou des boites de conserve...
Après le contrôle d'embarquement, je divague dans les allées du Terminal 2F. Je suis invité par une hôtesse du stand "Be relax" à recevoir un massage décontractant. Pourquoi pas, j'ai encore une bonne heure à passer et les bagages m'ont un peu froissé les muscles ! Après m'être informé des choix et des prix, j'opte pour un massage "pression" de 10 minutes (le moins cher, 18 euros quand même). Je suis pris en mains par Codjovi, un sympathique béninois. Cela me met direct dans l'ambiance africaine avant de décoller... Il pratique une technique de pressions issue des massages japonais et thaï. A la fin de la séance, je lui fais part de ma destination et j'échange quelques mots avec lui. Il est intéressant et cultivé. Il me vante les richesses de son pays, il est vrai assez méconnu. Stable politiquement ces dernières années, le Bénin est une des rares démocraties d'Afrique. Codjovi a pour projet de monter avec des amis une entreprise de tourisme solidaire. Bonne idée ! Cette forme de voyage, à l'opposé des "Tour Operator", commence à faire recette dans certains pays, comme le Mali.
Nous entendons de la musique dans le terminal. C'est justement le ballet National du Bénin qui s'apprête à décoller pour le Brésil (Sao Paulo) dans le cadre d'un festival. Des cultes (proches du Vaudou) ont survécu au Brésil et aussi à Haïti et créent des liens "naturels" avec le Bénin.
Je salue Codjovi car un autre client l'attend et il est bientôt l'heure de rejoindre la porte d'embarquement.
Je file vers mon siège et j'y trouve une charmante congolaise. Celle-ci aurait bien aimé avoir une place au bord de l'allée... Elle se décale d'un cran sans souci. L'avion est presque complet. Mieux vaut s'y prendre tôt en choisissant sa place sur Internet (enfin quand cela fonctionne...).
Une fois de plus, c'est le réveillon en dînant vers 00h30. Sommeil comme d'habitude impossible à trouver.