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6 octobre 2010 3 06 /10 /octobre /2010 11:00

Depuis plusieurs jours, je remarque le comportement étrange de "mon" chauffeur. Au lieu de prendre tout droit par la rue Moungali, Ghislain s'évertue à faire le tour du quartier pour me déposer pile poil devant la porte de la clinique. Quand je lui demande pourquoi il fait ce détour, il me répond que c'est pour que je descende du "bon côté". Serais-je dans l'incapacité de traverser la rue ?

 

Autre fait singulier, il arrête le moteur à chaque fois. Demandant une explication, il me dit que c'est pour déverrouiller la portière. Il suffit pourtant que j'appuie sur un bouton de la portière passager pour pouvoir l'ouvrir. Le Blanc serait-il à ce point paresseux et exigeant pour ne pas être en mesure d'actionner lui-même le déverrouillage ?

Tout cela part d'un bon sentiment, mais je n'ai pas l'habitude d'avoir un "boy" et d'être traité ainsi ! Je n'en veux pas à mon chauffeur, car il est vrai que l'on a conditionné les employés Congolais depuis des décennies à être des serviteurs zélés...


Entre 1880 et 1920, le transport de marchandises effectué à pied par les caravanes qui reliaient Loango à Brazzaville mobilise de nombreux porteurs.


Porteurs loango 1907

Porteurs de caravane de Loango (et leur enfants) en 1907

 

Le Blanc se faisait alors souvent véhiculé en tipoye (chaise à porteurs africaine). Exténuante tâche pour les porteurs dont la tête et les épaules sont soumises à rude épreuve.

 

tipoye-loango-administrateurs

Femme en tipoye (maison des administrateurs de Loango vers 1910)

 

Puis un peu plus tard, principalement dans les villes, le pousse-pousse prend le relais. Dans la tête de nos amis congolais, il est donc ancré que le Blanc ne "sait" pas marcher ! Il est vrai que l'homme citadin venu d'Europe aurait beaucoup de mal à suivre certains marcheurs africains habitués à faire des dizaines de kilomètres.


Illustration d'époque, un homme et je présume son épouse, posent, casque colonial sur le crâne, devant la gare fraîchement sortie de terre. La femme est assise dans un pousse-pousse manoeuvré par deux Noirs.

 

Gare-PNR-pousse

Colons en pousse-pousse devant la gare de Pointe-Noire (vers 1935)

 

Autre exemple, le célèbre Monseigneur Augouard, premier évêque du Congo. Il était parait-il toujours pressé, si bien que les congolais le surnommèrent "diata diata" (vite, vite !). Sur cette carte postale, les convoyeurs semblent n'être encore que des enfants. 

 

Mgr Augouard pousse

Mgr Augouard (1852-1921) en pousse-pousse à Brazzaville (vers 1910)

 

Depuis, on est passé au 4x4, mais les mentalités sont un peu restées les mêmes. Le Blanc ne marche pas, ou alors c'est "suspect" (c'est un original ou bien un raté qui n'a pas les moyens...). Par contre, il court, en pratiquant le footing le long de la côte sauvage. Paradoxe...

 

Pour bien "partager les cordes des pendus" (comme le chantait Brassens), les chefs de village congolais se faisaient eux aussi véhiculés par des porteurs et parfois le dos d'un pauvre boy servait de marche pour descendre du tipoye (cf Album "Dolisie Années 1950").

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5 octobre 2010 2 05 /10 /octobre /2010 13:00

En arrivant au Palm Beach, je remarque de grosses voitures noires aux vitres fumées garées sur le parking, près de l'accueil.

Ghislain me dépose et je vois sortir du hall un homme habillé d'un costume clair, dans le style de ceux portés par le Président du Congo, arborant des lunettes noires et un air sévère. C'est visiblement un personnage important. Ghislain me dit que c'est sans doute un Général, le chef de la Sûreté.

 

Je retrouve alors Gauthier et Jacques. Il me livre les sculptures qu'il dit avoir fabriqué. La première représente un village africain avec palmiers, case, arbustes et quatre personnages. 

 

village africain-wengue

Village africain en wengué

 

L'autre est une pirogue de "chef", abrité sous un auvent, accompagné d'un garde et de quatre pagayeurs. Le tout est taillé dans du wengué. Idées de cadeau en vue... Jacques fait une photo souvenir du sculpteur (Gauthier) devant ses oeuvres.

 

pirogue-wengue

Pirogue de "chef"

 

Sans rapport, mon téléphone portable est bloqué depuis hier... un message permanent est affiché "réception en cours...". Impossible d'en sortir. Je demande à Gauthier s'il peut sans occuper, car je dois retourner travailler. Il me dit qu'il connaît quelqu'un qui fait des réparations à la cité...

 

Sur le chemin du retour à la clinique, Ghislain repère Honoré qui est à pied. Nous le prenons donc en charge, avec un copain. J'en profite pour lui donner ses photos (et quelques unes pour son ami Justice). Honoré et son comparse éclatent de rire quand ils voient la photo où je prépare le foufou ! Nous évoquons la possibilité de faire une "expédition" le week-end prochain. Nous n'avons pas de véhicule. Honoré ne semble pas très chaud pour conduire et soulager ainsi Manu...

 

 

Le soir, de retour à l'hôtel, les voitures noires (de type Toyota Sequoia) sont là. Gauthier me dit que le VIP est le Général Ndenguet, Directeur Général de la Police Nationale. Lugubre voisin, l'homme a été accusé d'être responsable de la mort de plus de 300 personnes lors de la guerre civile (les "disparus du Beach" de Brazzaville en 1999). Arrêté brièvement lors d'un séjour en France en 2004 pour "crime contre l'humanité", il a été remis en liberté dans les heures qui suivirent, bénéficiant alors d'une immunité diplomatique. Pas de jugement pour l'instant pour cette page sombre de l'histoire récente du Congo... Un garde du corps en civil à pris place sur une chaise, plantée dans la pelouse, près de l'allée menant au nouveau bâtiment.

 

Gauthier me raconte que sa mère est venue de RDC le voir. Il veut lui offrir un pagne avant son départ en train demain. Grâce à l'argent de mes achats, il va pouvoir acheter des livres scolaires et... une bible pour sa femme Béna.

 

Le soir au resto, je mange en dessert une papaye "à la Polesky". J'apprends que le serveur a été formé à Dolisie, au centre de formation de Sala Ngolo ! Pendant le repas, j'ai remarqué une souris qui se balade le long des murs. Pas terrible dans un restaurant... La souris se planque ensuite dans le bac d'une plante verte où elle a fait un trou. Cela n'affole pas Polesky, en plaisantant, il fait référence à Ratatouille, le rat cuisinier des studios Pixar ! Je doute fort que cela soit du goût de certains clients.


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