C'est un fait plutôt méconnu que des traces fort anciennes de la présence humaine à Pointe-Noire ont été trouvées. Des outils préhistoriques en silex taillés ont en effet été découverts dans les années 1920-1930 lors des importants travaux de terrassement nécessaires à la mise en place de la voie ferrée du Congo-Océan.
Un petit fascicule publié en 1939 évoque ce très lointain passé. C'est l'adjoint principal des Services Publics à Brazzaville, Gabriel Droux, aidé par Harper Kelley, alors chargé du Département d'Ethnologie Préhistorique au Musée de l'Homme à Paris, qui en sont les auteurs. Ils récapitulent les découvertes effectuées soient fortuitement lors des travaux à Pointe-Noire, soient la plupart du temps volontairement par des recherches opérées dans la région de Boko-Songho, village implanté près de la source de la rivière Loudima (au sud de Madingou).
A Pointe-Noire, les outils préhistoriques ont été trouvés entre le km 0 et le km 2 de la voie ferrée, dans le quartier de Djindji. La première découverte du "gisement" est à attribuer à Jean Lombard entre 1927et 1929, avec l'aide de l'Ingénieur des Travaux Publics, M. Christen.
La petite falaise de sable près du phare (cf http://voyage-congo.over-blog.com/article-terre-ebene-mystere-phare-pointe-noire-47781335.html), les environs du bâtiment de la CPKN (cf http://voyage-congo.over-blog.com/article-pointe-noire-batiment-colonial-c-p-k-n-108408946.html), l'emplacement d'alors des bureaux de la Société de Construction des Batignolles, ont révélé ces outils dans la couche de sable blanc (entre 1 et 3 mètres de profondeur) et dans la couche de sable argileux rougeâtre (entre 3 et 6 m de profondeur) au km 2 (à peu près en face du bâtiment de la CFSO, cf http://voyage-congo.over-blog.com/article-pointe-noire-epoque-coloniale-41464659.html).
De nombreux éclats et des instruments taillés (bifaces, coups de poing, feuille de laurier, haches, lames, percuteur et nuclei, pointes, tranchets), enfouis depuis fort longtemps, ont été mis à jour.
L'autre découvreur est M. Renoult, entrepreneur des travaux, qui effectuait les terrassements dans ce quartier du Port, et qui a pris soin de sauvegarder ces vestiges du passé.
La plupart des pièces de Pointe-Noire sont en grès siliceux à patine blanche. Certaines pièces sont fabriquées avec des matériaux (grès quartziteux, grès polymorphes) que l'on ne trouve pas sur place, ce qui implique qu'ils n'ont pas été fabriqués à Pointe-Noire même.
Des études plus récentes évoquent une datation des outils taillés trouvés à Pointe-Noire à environ 20 000 ans. Pour ceux qui croyaient que Pointe-Noire était "née" en 1922, cela fiche un sacré coup de vieux aux premiers habitants !
Des études plus récentes évoquent une datation des outils taillés trouvés à Pointe-Noire à environ 20 000 ans. Pour ceux qui croyaient que Pointe-Noire était seulement "née" en 1922, cela fiche un sacré coup de vieux aux premiers habitants !
Sources :
- Recherches préhistoriques dans la région de Boko-Songho et à Pointe-Noire (Moyen-Congo). Gabriel Droux, Harper Kelley - Journal de la Société des Africanistes, 1939, Volume 9, pp. 71-84.
- Lombard Jean. Matériaux préhistoriques du Congo français. Journal de la Société des Africanistes, 1931, tome 1, fascicule 1. pp. 49-60.
- Les industries préhistoriques en R.P. du Congo et leur contexte paléogéographique – R. Lanfranchi - Paysages Quaternaires de l'Afrique Centrale Atlantique. Editions ORSTOM - 1990