Arrivés en bas de l'avenue du Djoué, nous empruntons l'actuel pont de la Nationale 1 pour traverser le cours d'eau, puis nous nous garons juste après à droite, sur une esplanade de terre poussiéreuse. D'après mes comparses, il vaut mieux aborder le vieux pont par ce côté là, afin de ne pas être "ennuyé" par les forces de l'ordre qui résident à proximité de l'autre rive (la "brigade de surveillance" que nous avons croisé nuitamment la veille, lors de notre retour des chutes de la Loufoulakari).
A l'entrée du pont, on trouve à l'ombre de bambous et de manguiers, quelques marchandes de fruits. Leurs modestes étals présentent des mangues tellement petites que, dans un premier temps, je les ai prises pour des avocats ! Quelques parasols abritent les habituelles boutiques de vendeurs de cartes d'appel téléphonique.
Le vieux pont sur le Djoué
Le vieux pont n'est pas fermé à la circulation, mais est principalement emprunté par les piétons. Ce qui me surprend un peu, c'est que la chaussée du pont ne parait pas goudronnée, alors qu'il a servi pendant plusieurs décennies d'unique voie d'accès. Ainsi, les herbes folles poussent sur les bords de la piste de terre battue... Mais en fait le bitume est masqué sous une épaisse couche de terre poussiéreuse !
Arcs en béton du vieux pont sur le Djoué
Le soleil commence à faire son apparition et le site dans son écrin de verdure est agréable. Avec Manu et Frédéric, nous cheminons sous les arcatures en béton, amochées ça et là, mais l'ouvrage d'art semble encore solide.
Il s'agit d'un pont en béton armé de type "Ottino". On trouve un pont similaire à celui-ci, permettant à la voie ferrée de traverser le Djoué, à Ngoma Tsé-Tsé (village situé à une quinzaine de kilomètres).
Pont Ottino sur le Djoué en 1931-32 (© CAOM - Anonyme)
Ce type de construction avec une seule arche est adapté pour des ponts de faible portée. Le pont tire son nom de l'entreprise Ottino, à laquelle la société des Batignolles avait confié la réalisation de nombre d'ouvrages d'art de la ligne du CFCO. La conception de ce pont est issu d'un bureau d'études parisien, celui des ingenieurs Pelnard-Considère et Caquot.
J'avais déjà évoqué l'entreprise Ottino pour la construction du phare de Pointe-Noire (cf Terre d'ébène : le mystère du phare... éclairci !).
Pont sur le Djoué à l'entrée de Brazzaville (carte postale Hoa Gui vers 1950)
Ce pont permet de franchir depuis 80 ans l'obstacle naturel que constitue le Djoué, afin d'accéder à Brazzaville. Il est situé un peu avant la confluence avec le fleuve Congo, comme on peut le voir sur cette vue aérienne.
Auparavant, il y a eu bien d'autres solutions (cf Brazzaville : traverser le Djoué... avec ou sans pont !).