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1 mai 2012 2 01 /05 /mai /2012 11:00

Près de deux mois après, je reviens sur cette actualité dramatique dont les médias européens ont peu parlé.

 

En ce dimanche matin du 4 mars 2012, les habitants de Brazzaville sont réveillés par une série de violentes explosions provenant du nord-est de la ville. Entre 8h et 10h45, ce sont cinq explosions très fortes qui secouent la ville.

 

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Explosion au dessus de Brazzaville (© Louis Okamba - The Associated Press)

 

C'est bien sûr l'inquiétude et les mauvais souvenirs de la guerre civile reviennent en mémoire à nombre de Brazzavillois. Coup d'état, accident, sabotage, attentat... les différentes hypothèses traversent l' esprit des habitants.

 

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Nuage de fumée au dessus de Brazzaville (© Marc Hofer. AFP)

 

Les premières images de la catastrophe proviennent de l'autre rive du fleuve Congo. Les déflagrations ont aussi été ressenties à Kinsasha, d'où l'on voit s'élever un impressionnant panache de fumée au dessus de Brazzaville. 

 

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Localisation des explosions à Mpila (http://achnoo.com ©)

 

Les explosions proviennent du dépôt de munitions de la caserne de Mpila (camp de blindés). On a évoqué tout d'abord un court circuit comme cause de la catastrophe. Et puis, plus probablement, c'est le stockage à l'air libre de plusieurs tonnes de munitions (datant de la guerre civile) qui a provoqué le grave incident. A la longue, la corrosion fait son oeuvre et les explosifs deviennent instables. Une erreur de manipulation a-t-elle servi d'élément déclencheur ?

 

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Abords de la caserne de Mpila (© Guy-Gervais Kitina- AFP)

 

La caserne est en partie détruite dans le souffle des explosions et les quartiers environnants (Mpila - Ouenzé -Talangaï) sont gravement endommagés.

 

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Maison détruite par l'explosion (http://www.congo-site.com)

 

L'habitat précaire des quartiers pauvres ne peut pas résister à la violence des explosions. Ceux qui n'avaient déjà pas grand-chose n'ont maintenant plus rien...

 

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Arbres déchiquetés par les explosions (http://www.congo-site.com 2012) 

 

J'étais passé devant cette caserne en juin 2011, pour me rendre au "port de Yoro" (cf Brazzaville : le port de Yoro  ). J'ai appris que cette enclave située au nord de Mpila avait été très touchée par les explosions. C'est l'un des endroits les plus pauvres de Brazzaville qu'il m'avait été donné de voir. Misère, c'est toujours sur les pauvres gens que tu t'acharnes obstinément...

Les arbres renversés et déchiquetés que l'on voit sur certaines photos, me rappellent les baobabs de Yoro.

  

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Tas de gravats des habitations détruites (http://www.congo-site.com 2012)

 

On annonce dans un premier temps le chiffre de 200 morts. Des milliers de blessés sont répartis dans les hôpitaux de la ville (environ 2 300 personnes).

Heureusement, la solidarité internationale joue son rôle et des pays comme la Russie, le Maroc le Gabon et la France envoient par avion spécial des produits médicaux et de première nécessité, ainsi que du personnel d'intervention.

En France, l'information ne fait que 30 secondes au journal de 20H et puis on n'en parle plus les jours suivants... L'Ambassade du Congo à Paris organise une collecte de dons.


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Maison détruite par l'impact des explosions (© Guy-Gervais Kitina- AFP)

 

Des milliers de personnes sont contraintes de fuir la zone sinistrée. Les files de "réfugiés" le long des routes doivent là encore rappeler de terribles souvenirs, quand la population fuyait les combats à l'arme lourde dans la ville même.

 

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Population fuyant la zone dévastée par les explosions (http://www.congo-site.com 2012)

 

Fort heureusement, aucune de mes connaissances n'a eu de membre de sa famille touché par les explosions.

Plus tard, après avoir dégagé de nouveaux corps dans les décombres, le sinistre bilan est revu à la hausse. Fin mars 2012, on annonce le chiffre officiel de 282 morts (31 mars 2012 - RFI). Mais des sources médicales évoquent un bilan plus proche des 1 000 morts...

 

Fin avril, on dénombre toujours plus de 9 000 sinistrés, hébergés dans des centres d'accueil et qui peinent à se nourrir convenablement. Un camp est installé près de la cathédrale.

Chose rare au Congo, des gens en colère manifestent pour obtenir l'aide promise pour le relogement. Une "allocation de soutien" de 3 millions de francs CFA doit être versée aux familles sinistrées (environ 4 500 Euros). L'Etat Congolais promet de construire 5 000 logements.

Il faut aussi dépolluer les zones sinistrées, récupérer les munitions qui traînent ça et là. Cela représente un danger non négligeable pour les munitions non explosées... Des services internationaux comme l'UNMAS (United Nations Mine Action Service) et le CICR (Comité International de la Croix Rouge) interviennent sur site. C'est dans un premier temps 16 tonnes de munitions qui ont été récupérées et détruites. Les démineurs ont travaillé dans un rayon de 5 kilomètres autour du site de l'explosion ! Le 10 mai, un responsable onusien annonce que ce sont 45 tonnes de munitions qui ont été détruites, car une quantité importante susbiste encore dans les anciennes casernes. L'opération de "nettoyage" doit s'achever en août 2012.

 

Pour finir sur une note plus souriante, une conséquence anecdotique, la catastrophe entraîne une pénurie de bières à Pointe-Noire ! En effet, la brasserie de Brazzaville a été touchée par les explosions. Une partie de la production ponténégrine est donc envoyée vers la capitale.

 

 

Sources :

http://www.congo-site.com

http://www.afriquinfos.com/

http://www.rfi.fr

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13 juin 2011 1 13 /06 /juin /2011 18:00

Nous arrivons sans encombre devant l'aéroport, en passant à côté de la bretelle d'accès du nouvel aérogare toujours en chantier. C'est l'heure de dire au revoir à Brice et à Frédéric. Je dis à Fred que peut-être aurai-je l'occasion de revenir à Brazzaville ou bien le verrai-je à Pointe-Noire ? Rien n'est sûr, c'est peut-être un adieu !

Il faut aussi régler Brice et je n'ai plus de monnaie. Il veut la même somme que l'avant-veille, alors que la "location" a duré nettement moins longtemps... Je demande à une petite boutique située juste à côté sur le parking, mais ils n'ont pas de monnaie. A cette occasion, un jeune rasta me salue comme s'il me connaissait. Je le salue en retour, cela ne coûte rien. Bon, on ne va pas tergiverser pendant des lustres, je donne le même montant à Brice, tout en lui faisant remarquer que je suis plutôt généreux avec lui.

Pendant que nous discutions, un gros 4x4 noir s'est mis en fâcheuse posture. L'une de ses roues est tombée dans un trou assez profond de la chaussée. Rempli d'eau, il n'était pas possible d'en deviner la profondeur... Le chauffeur a beau accélérer, le véhicule ne bouge pas ! Nous n'attendons pas le dépannage de l'infortuné 4x4 et filons vers l'aérogare. Je présente mon passeport, et Manu et moi accédons à la salle d'enregistrement. Commence une longue attente...

 

Devant le guichet attribuant les cartes d'embarquement s'agglutinent personnes et bagages. L'atmosphère est pesante. Un groupe d'étudiants endimanchés s'apprêtent à partir en stage à Pointe-Noire. Visiblement pour nombre d'entre eux, c'est la première fois qu'ils prennent l'avion. Certains jettent un regard un peu méprisant sur ce Blanc mal rasé et un peu poussiéreux...

On n'avance qu'au compte-goutte. Un homme se retourne brusquement et dit en me regardant méchamment : "Qu'est-ce qu'il fait là celui là ?". Peut-être a t-il cru que j'avais grugé des places dans la file d'attente ? Mais ce n'est pas le cas... voilà déjà un bon moment que j'attends. Manu me défend et rétorque que je fais la queue comme tout le monde. On essaye ensuite de nouveau de me faire croire que je vais gagner du temps en donnant mon passeport. Je refuse comme je l'avais fait lors du trajet aller.

J'ai un petit coup de fatigue et la tête qui tourne... Je vais m'asseoir sur une des rares banquettes en bois du hall décati, après avoir confié mon passeport entre de bonnes mains, celles de Manu ! Je reprends mes esprits en ayant un peu plus d'air près de l'entrée... Quand enfin Manu est devant le guichet, je le rejoins. Nous récupérons le précieux sésame auprès d'un guichetier des plus malaimables. L'un de ses collègues victime lui aussi d'un coup de fatigue s'est allongé derrière les guichets...

 

Puis nous passons au paiement des fameuses taxes aéroportuaires. De nouveau, il faut régler par voyageur, deux taxes de 1000 et 2500 FCFA... Mon billet est maintenant constellé de timbres-taxes ! 

 

billet-tac-timbres

Billet d'avion bien taxé !

 

Une charmante jeune femme est chargée du contrôle des bagages à main. Mais son sourire illuminant un gracieux visage ne l'empêche pas de tenter de me soutirer un petit billet... Décidément, arnaquer le Blanc de passage est pour certains un sport national ! C'est usant. Mais elle n'obtient rien de moi.

 

La salle d'embarquement pue l'urine (les toilettes doivent être bouchées...). Je m'installe avec Manu près de la porte, ce qui permet de mieux respirer. La salle se remplit peu à peu. Singulièrement rien ni personne n'empêche d'accéder aux pistes, on est loin de la sécurité pratiquée en France. Un groupe de personnes traverse la salle, ils arrivent pour partie de Paris et prennent le vol affrété de la compagnie Equaflight. Manu salue aussi quelques personnes connues de Pointe-Noire, venues en week-end à Brazzaville.

 

C'est à notre tour d'embarquer à bord d'un avion de la TAC, "Mon amie de toujours !", selon le slogan publicitaire de la compagnie. Bien entendu, nous avons pris du retard... Nous rejoignons à pied l'escalier permettant de grimper dans l'aéronef. A bord tout le monde est pressé et personne ne respecte les places attribuées sur la carte d'embarquement. A part moi ! Je me retrouve séparé de Manu. Un homme maugrée : "Dans ce pays, il faut porter un costume sinon personne ne vous respecte ! ". 

 Je suis assis à côté de deux femmes d'âge mûr qui papotent sur leurs achats du week-end. Elles sont notamment allés acheter des bijoux en or à Kinsasha. La capitale de l'autre Congo semble donc très attrayante pour ses magasins, pour ceux qui en ont les moyens évidemment.

 

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Aéroport de Pointe-Noire (© Délégation générale des Grands Travaux)

 

Le vol se déroule sans encombre et l'atterissage de même. Nous empruntons devant l'aérogare de Pointe-Noire, un taxi pour rejoindre la Côte Mondaine. Il fait nuit noire et le parking est bien calme, on ne voit ni mendiants, ni agents de sécurité.

Je paye une seconde course pour que Manu rentre sans problème chez lui à Songolo. Il n'en dit rien, mais il doit être lui aussi fatigué. Voilà la fin d'un week-end de 3 jours à Brazzaville, bien remplis !

 

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