Après une vingtaine de minutes de trajet, nous voyons un groupe d'hommes le long de la piste. Ce sont des chasseurs lestés de leur gibier.
Manu s'arrête, à l'affût d'une bonne affaire, et sachant que cela peut nous intéresser.
Porc-épic transporté sur le dos du chasseur (© FabMoustic)
Les hommes transportent le fruit de leur chasse dans de jolis paniers tressés, qu'ils portent dans le dos.
Principalement, ils ont pris des porcs-épics. Je demande aux chasseurs comment ils ont été capturés. L'homme le plus âgé, machette à la main et qui semble conduire le groupe, m'explique qu'ils ont été pris au piège. Je lui demande comment, par le cou ? Non, par une patte me dit-il.
Tête du porc-épic (© FabMoustic)
Le porc-épic est un petit mammifère, de l'ordre des rongeurs, vivant sous les climats chauds, et adaptés à plusieurs milieux (zones rocheuses sèches, savane, forêt...). Il doit bien sûr son nom aux longs piquants qu'il dresse pour se défendre, situés sur l'arrière du corps et les flancs. Mais ce nom vernaculaire regroupe des espèces assez différentes.
Il ne s'agit pas du porc-épic le plus fréquent en Afrique du Nord (Hystrix cristata), appelé aussi "porc-épic à crête". Il existe une autre espèce africaine, mais très peu présente au Congo (Brazzaville), le Hystrix africaeaustralis ("Cape Porcupine" en anglais).
Pattes et queue du porc-épic (© FabMoustic)
Il s'agit très probablement de l'African brush-tailed porcupine (Atherurus africanus), autrement dit du "porc-épic africain à queue en brosse". Sans savoir son nom sur le moment, j'avais photographié la singulière queue du rongeur. Sa couleur jaune tranche par rapport au pelage à dominante gris, et sa forme m'avait amusé. En français, on le nomme plutôt athérure africain.
Il vit dans les forêts humides et sur les rives de celles longeant des cours d'eau. Il habite dans des trous comme les racines des grands arbres, des troncs creux, des branches tombées, les crevasses des rochers, des termitières... Ses moeurs sont nocturnes (il sort pour manger) et plutôt solitaires. Il ne creuse pas son propre terrier, bien qu'il porte de belles griffes. Dans la tanière, il vit en communauté de deux à six individus. La gestation dure de 100 à 110 jours, avec généralement un seul petit. La femelle a deux à trois portées par an. Cette espèce a une longévité notable de 15 ans.
Cette espèce n'est pas menacée d'extinction. Ce porc-épic est encore courant dans l'alimentation de nombre de pays d'Afrique occidentale et équatoriale. L'animal est assez prisé et peut fournir jusqu'à deux kilos de viande.
Porc-épic boucané (© FabMoustic)
Manu est justement intéressé par l'achat d'un porc-épic. Bon, un animal en "viande fraîche" risquerait rapidement de nous empester. Dans la voiture, nous n'avons rien pour le conserver au frais.
Le chasseur le plus âgé propose un animal boucané. Le porc-épic a été vidé, embroché et fumé, je présume, au-dessus d'un feu de bois. Un fil de cuivre lui tient les pattes arrières.
Les chasseurs du Niari (© FabMoustic)
Marché conclu ! Au moins celui-là ne devrait pas sentir trop mauvais. Manu tend un billet vers le jeune homme au T-shirt rouge. Je ne me rappelle plus du prix payé.
Ce chasseur a aussi dans son sac une petite antilope, dont on aperçoit la tête sur la photo ci-dessus.
Chasseurs en chemin sur la piste de Mossendjo (© Truuuc)
Nous reprenons notre route, laissant les quatre chasseurs poursuivre leur chemin. Manu nous explique qu'ils ont dû passer plusieurs jours en forêt. C'est pour cela qu'ils ont boucané leurs premières prises. La viande ne se conserve pas longtemps... J'ai vu des asticots qui sortaient des narines de l'un des porcs-épics !