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10 décembre 2012 1 10 /12 /décembre /2012 15:30

Après une vingtaine de minutes de trajet, nous voyons un groupe d'hommes le long de la piste. Ce sont des chasseurs lestés de leur gibier.

Manu s'arrête, à l'affût d'une bonne affaire, et sachant que cela peut nous intéresser.

 

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Porc-épic transporté sur le dos du chasseur (© FabMoustic)

 

Les hommes transportent le fruit de leur chasse dans de jolis paniers tressés, qu'ils portent dans le dos.

Principalement, ils ont pris des porcs-épics. Je demande aux chasseurs comment ils ont été capturés. L'homme le plus âgé, machette à la main et qui semble conduire le groupe, m'explique qu'ils ont été pris au piège. Je lui demande comment, par le cou ? Non, par une patte me dit-il. 

 

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Tête du porc-épic (© FabMoustic)

 

Le porc-épic est un petit mammifère, de l'ordre des rongeurs, vivant sous les climats chauds, et adaptés à plusieurs milieux (zones rocheuses sèches, savane, forêt...). Il doit bien sûr son nom aux longs piquants qu'il dresse pour se défendre, situés sur l'arrière du corps et les flancs. Mais ce nom vernaculaire regroupe des espèces assez différentes.

Il ne s'agit pas du porc-épic le plus fréquent en Afrique du Nord (Hystrix cristata), appelé aussi "porc-épic à crête". Il existe une autre espèce africaine, mais très peu présente au Congo (Brazzaville), le Hystrix africaeaustralis ("Cape Porcupine" en anglais). 

 

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Pattes et queue du porc-épic (© FabMoustic)

 

Il s'agit très probablement de l'African brush-tailed porcupine (Atherurus africanus), autrement dit du "porc-épic africain à queue en brosse". Sans savoir son nom sur le moment, j'avais photographié la singulière queue du rongeur. Sa couleur jaune tranche par rapport au pelage à dominante gris, et sa forme m'avait amusé. En français, on le nomme plutôt athérure africain.

 

Il vit dans les forêts humides et sur les rives de celles longeant des cours d'eau. Il habite dans des trous comme les racines des grands arbres, des troncs creux, des branches tombées, les crevasses des rochers, des termitières... Ses moeurs sont nocturnes (il sort pour manger) et plutôt solitaires. Il ne creuse pas son propre terrier, bien qu'il porte de belles griffes. Dans la tanière, il vit en communauté de deux à six individus. La gestation dure de 100 à 110 jours, avec généralement un seul petit. La femelle a deux à trois portées par an. Cette espèce a une longévité notable de 15 ans.

Cette espèce n'est pas menacée d'extinction. Ce porc-épic est encore courant dans l'alimentation de nombre de pays d'Afrique occidentale et équatoriale. L'animal est assez prisé et peut fournir jusqu'à deux kilos de viande.

 

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Porc-épic boucané (© FabMoustic)

 

Manu est justement intéressé par l'achat d'un porc-épic. Bon, un animal en "viande fraîche" risquerait rapidement de nous empester. Dans la voiture, nous n'avons rien pour le conserver au frais.

Le chasseur le plus âgé propose un animal boucané. Le porc-épic a été vidé, embroché et fumé, je présume, au-dessus d'un feu de bois. Un fil de cuivre lui tient les pattes arrières.

 

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Les chasseurs du Niari (© FabMoustic)

 

Marché conclu ! Au moins celui-là ne devrait pas sentir trop mauvais. Manu tend un billet vers le jeune homme au T-shirt rouge. Je ne me rappelle plus du prix payé. 

Ce chasseur a aussi dans son sac une petite antilope, dont on aperçoit la tête sur la photo ci-dessus.

 

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Chasseurs en chemin sur la piste de Mossendjo (© Truuuc)

 

Nous reprenons notre route, laissant les quatre chasseurs poursuivre leur chemin. Manu nous explique qu'ils ont dû passer plusieurs jours en forêt. C'est pour cela qu'ils ont boucané leurs premières prises. La viande ne se conserve pas longtemps... J'ai vu des asticots qui sortaient des narines de l'un des porcs-épics !

 

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10 décembre 2012 1 10 /12 /décembre /2012 15:00

Après notre "repas", cette fois nous voilà repartis pour de bon... Nous filons vers Mossendjo. Une belle piste bordée de bambous gigantesques nous offre un ombrage bienvenu en ce début d'après-midi.

 

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Piste bordée de bambous (© FabMoustic)

 

Cette portion de piste est tout à fait correcte. Je n'ai pas souvenir d'avoir croisé un seul autre véhicule. Encore une cinquantaine de kilomètres à parcourir...

 

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Bosquet de bambous (© Truuuc)    

 

Nous traversons ensuite une zone plus humide où le sol a repris des teintes rouges. Le pare-brise se constelle de nouveau de boue...

 

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Piste de Mossendjo, zone humide... (© FabMoustic)    

 

Au détour d'un virage, nous apercevons des enfants se baignant dans un trou d'eau. Des adultes sont affairés au bord d'un ruisseau.  

 

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Enfants plongeurs (© Truuuc)

 

Nous nous arrêtons, sans descendre du véhicule. Mélange de crainte et de curiosité, les enfants s'approchent... Les regards en disent long sur les sentiments contradictoires qui peuvent les animer.

Mais l'attrait d'obtenir quelques petits cadeaux est le plus fort ! Je distribue des images de joueurs de foot, à la grande joie des jeunes garçons.

 

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Congo Français - Négrillons plongeurs (carte postale vers 1910)    

 

Il y a un siècle, on les aurait qualifié de "négrillons plongeurs", vocabulaire rappelant de par trop la Traite négrière, et la sinistre comptabilité des bateaux traversant l'Atlantique, où on entassait "nègres, négresses, négrillons et négrillonnes"...

 

Un homme s'approche et me dit "Y'a pas de travail, patron !". Je compatis et lui dis que je sais que la situation est difficile au Congo.

Manu nous explique qu'ils préparent du manioc pour le foufou.

 

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Grumier arrêté au bord de la piste (© Truuuc)

 

L'arrêt est de très courte durée. Nous sommes déjà très en retard et le chemin de Mossendjo commence à paraître bien long... Nous dépassons un grumier stationné sur le côté de la piste.

C'est le genre de véhicule qui maltraite les vieux ponts de la Comilog.

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