En ce dimanche matin ensoleillé, je discute avec l'un des gardes de l'hôtel. Il m'a interrogé au sujet de mon appareil photo. Roland aimerait bien en avoir un et me demande conseil. Je lui explique les différentes techniques (argentique, numérique) et les différents types d'appareil (compact, bridge, réflex). Bien entendu, le prix est un critère déterminant, et un petit argentique d'occasion ferait le bonheur de mon interlocuteur. Je lui montre un peu le fonctionnement de mon appareil. Inévitablement, je le prends en photo et effectue un zoom pour lui montrer le résultat.
Je zoome sur son écusson de la SCAB, société de gardiennage incontournable à Pointe-Noire (le slogan publicitaire est "protection, sécurité, prévention").
Nous discutons de choses et d'autres. Le chantier de construction de la résidence, située derrière l'hôtel, n'a guère avancé depuis octobre. Roland me dit que les ouvriers ne sont pas payés par l'entrepreneur chinois... Le chantier se poursuit donc pour un seul des 2 bâtiments.
Roland évoque le métro à Paris dont il a entendu parlé et trouve extraordinaire qu'un train roule sous terre, sous la ville ! Il me demande de quand il date, quelle est sa profondeur... Il me dit avoir pris le train pour Brazzaville. Il évoque les bandes armées qui rançonnent les voyageurs (sous peine de leur voler leurs bagages) qu'il qualifie de "sauvages" parce qu'ils ne sont pas rasés, avec les cheveux longs et vivent souvent dans les forêts. Il me raconte que même les militaires ont peur d'eux et qu'à l'approche des zones dangereuses, ils enlèvent leur uniforme et prennent un habit civil ! Hallucinant.
J'apprends aussi à cette occasion que Jean-Louis, le préparateur en pharmacie de la clinique, est l'oncle de Roland. Le monde est petit...
Je pars ensuite acheter un gâteau au chocolat, comme Chris l'a choisi, en prévision du repas prévu le soir chez Patrice. Je le paye 10 000 FCFA (environ 15 Euros), un peu moins cher qu'en France mais une somme exorbitante pour la plupart des congolais, pour un simple dessert. Devant le magasin, je donne 500 FCFA à un mendiant qui m'explique qu'il doit soigner son enfant malade. Discours classique de mendicité mais malheureusement très probable... Après avoir mis le gâteau dans le petit frigo de ma chambre d'hôtel, je vais faire une balade côtière.
Je croise un vendeur, Olivier, qui me propose un masque Fang. Pendant notre discussion, deux chinois s'approchent, regardent l'objet puis repartent. Ils ne parlent pas français et visiblement pas anglais. Olivier me dit que les chinois n'achètent jamais rien... Olivier me raconte qu'il a besoin d'argent pour aller chercher le reste de sa marchandise restée à la frontière du Cabinda. J'achète donc le masque pour un prix raisonnable ( Objets et autres antiquités (suite) ).
Plus loin, près du Wharf, un pêcheur en combinaison de plongée noire, sort de l'eau avec un sac. Nous lui demandons de nous montrer le fruit de sa pêche. Il ouvre son sac duquel émergent plusieurs types de poisson, dont certains allongés ressemblent à des anguilles. Il est par contre aussi muet que ses poissons...
Après un repas sous la paillotte, je passe deux heures à la clinique suite à l'appel d'Olivier.
En fin d'après-midi, je fais de nouveau un tour sur la plage et croise notamment deux jeunes, Thierry et "Voltarène" (à droite) qui mangent une glace. Etrange surnom...
Un adolescent amoureux sollicite un cliché. La jeune fille n'a pas l'air emballé par la chose...
D'autres garçons, un rien frimeurs prennent la pose. L'un deux porte une djellaba blanche par dessus ses habits (remarquez en arrière plan le couple d'amoureux, plus souriant). Les congolais prennent soin de leur apparence physique, en dépit souvent de leurs maigres moyens. La mode vestimentaire occidentale est arrivée jusqu'ici, pour certains à travers les marques de sport. Contre-façon, troc, vêtement d'occasion acheté au marché des fripes, peu importe !
Un peu plus loin, un jeune homme est heureux que je le photographie "en l'air" lors d'une cabriole. Original !
Je croise enfin en retournant à l'hôtel, une jeune femme. C'est rare qu'une congolaise sollicite une photo. C'est en général les groupes de garçons moins timides, parfois chahuteurs, qui le font. Sa copine, par contre, ne veut pas être sur le cliché. A l'instar d'une très large majorité de congolaise, elle a les cheveux défrisés. Je n'ai pas vu beaucoup de congolaises avec les cheveux "au naturel". Mon interlocutrice est par contre déçue que je ne puisse pas lui donner la photo.