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17 mars 2009 2 17 /03 /mars /2009 21:38

Je quitte "la Cité" accompagné de Gauthier, que je ramène vers la Côte. Il est surpris que je devine l'âge de son fils (18 mois). Il me dit au revoir en ajoutant "Que Dieu te garde". Avec mes achats d'antiquités, Gauthier a gagné de quoi (sur)vivre quelques mois.

Je profite de ma dernière journée. En cette fin d'après-midi, je déambule sur la plage. Je rencontre trois jeunes avec lesquels j'échange quelques mots. Daouda (à droite) me dit qu'il a abandonné ses études et qu'il voudrait faire du commerce. Quel type de commerce, il ne le sait pas ! Le désoeuvrement guette...



Plus loin, je suis interpellé par un costaud. Edmond veut que je le prenne en photo. Il gonfle fièrement ses biceps.


 

Pour ne pas faire de jaloux, je photographie aussi ses deux copains. L'un est assez costaud, l'autre porte des vêtements colorés et penche plutôt du côté de la bonne chère.





Quelques footballeurs amateurs animent la plage. Deux équipes aux maillots colorés s'affrontent sur le sable.
Sur le chemin du retour, je discute avec Jean-Pierre, alias "Mavis", un photographe de plage. Je l'interroge sur son métier. Il m'explique que des zones sont attribuées aux différents photographes. La concurrence est parfois rude car certains n'hésitent pas à débiner le voisin ou à dire qu'il n'est pas là, afin de conquérir le client. Une photo coûte environ 500 FCFA, dont au maximum 300 payables d'avance. Mavis m'indique que c'est un français qui lui a donné, il y a quelques années, son appareil d'occasion. Il parle très bien le Français. L'un de ses cousins vit en France. Nous parlons politique, répartition des richesses, misère... La religion et l'éducation sont selon lui des remparts contre la violence et les exactions au sein de la société congolaise. Ce qui semble vrai car en dépit de la misère la violence semble contenue.

Je croise un vendeur de petites saucisses rouges, que je prends au début pour des piments. Deux petites filles m'interpellent en souriant, et me disent "Toi, t'es un Chinois !". Je démens évidemment cette soudaine naturalisation. Le "nouveau colonisateur" est décidément très présent ! C'est la deuxième fois en 2 jours que des enfants m'assimilent à un ressortissant de l'Empire du Milieu.

En remontant vers l'hôtel, un petit garçon d'environ 3 ans me dit "Je te connais toi !". Cela provoque l'hilarité du père. Le môme n'a sans doute vu que peu de Blancs dans sa courte existence et pense me reconnaître. Peut-être n'a t-il même pas véritablement conscience de nos différences d'apparence physique, mais cela le chiffonne au point de m'interpeller.
Je lui explique gentiment qu'en Europe il y a des millions de Blancs et donc que je suis loin d'être un exemplaire unique !

A l'hôtel, il y a un peu d'agitation... Le Ministre du Tourisme organise un buffet, apparemment improvisé, et sollicite donc le personnel de service. Ses désirs sont des ordres...

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15 mars 2009 7 15 /03 /mars /2009 16:28

En ce dimanche matin, sortant de ma chambre, je croise deux militaires (béret rouge vissé sur la tête). Il s'agit de la garde rapprochée du Ministre du Tourisme qui réside dans l'hôtel, depuis hier. Je leur dis bonjour, ils me répondent entre les dents...
Après le petit-déjeuner, vers 9h30, je discute avec Patrice. Olivier (le pharmacien) arrive à l'hôtel et demande si je peux passer à la clinique. Deux infirmiers restent à former... Il va donc falloir travailler en ce dimanche matin. Patrice trouve que c'est plutôt bon signe que l'on vienne ainsi me chercher ! Je travaille donc de 10 à 12h.
Je retrouve ensuite vers 12h45 quelques membres de la clinique pour un sympathique repas au restaurant du Club Nautique. Le "Saumur Champigny" que l'on boit n'est pas très bon. Acide, il a visiblement mal supporté le voyage et les températures élevées.
Interrogeant les convives, Patricia m'apprend que le bel arbre au tronc singulier, à l'angle du bâtiment, est un ficus ( La Côte Mondaine ) . Le restaurant est situé en hauteur, ouvert sur les côtés, ce qui permet d'avoir de l'air et une vue agréable sur la baie.
Par contre, l'escalier est assez raide pour redescendre du restaurant. Je donne en partant un pourboire au gamin qui m'a "gardé" la voiture. Je retrouve Arsène. Je lui dis au revoir. Il me sollicite à demi-mots pour une nouvelle aide. Mais j'arrête là les frais. Il n' a en mains que quelques DVD X à vendre...

De retour à l'hôtel, je retrouve Gauthier qui m'attend déjà, en avance sur l'horaire. Je l'invite à venir dans ma chambre. Ne perdant pas le sens des affaires, il me propose quelques colliers, dont certains en ivoire, des éléphants en ébène gris. Je lui fais part de mon refus d'acheter de l'ivoire, ceci pouvant concourir à perpétuer les trafics et notamment le massacre des éléphants. Gauthier est dubitatif quand je lui dis que dans certaines régions l'éléphant a failli disparaître. Il me dit que ce n'est pas possible car "c'est Dieu qui a créé les animaux". Je lui explique que malheureusement l'homme a la capacité de faire disparaître des espèces animales. C'est arrivé par le passé. Certaines espèces comme le tigre ou les gorilles sont actuellement très menacées. Depuis l'interdiction du commerce de l'ivoire en 1990, le nombre d'éléphants a augmenté. La légalisation récente de la vente des stocks d'ivoire favorise le retour du braconnage, dans les pays où les contrôles ne sont pas suffisants.
Je n'achète rien mais fais part à Gauthier de mon intention d'acquérir une "statue médecine" pour mon entreprise. Ni une, ni deux, sentant la bonne affaire, il repart et quelques dizaines de minutes plus tard, il me présente trois objets. Un seul correspond vraiment à ma requête. C'est un "fétiche Vili", statue en bois d'une trentaine de cm de haut, ornée de plumes et de miroirs (Statue "Fétiche Vili" ) . Gauthier me propose l'objet à 160 000 FCFA ! Dure négociation, j'arrive à avoir la statue pour 100 000 FCFA, budget maximum que l'on m'a donné. Il est vrai que ce genre d'objet aux "pouvoirs magiques" est plus rare.

Comme convenu, Gauthier m'invite à passer chez lui, à "la Cité". Sur le chemin, je m'arrête à un distributeur de billets, car je n'avais pas une telle somme sur moi. Après le Rond-Point Kasaï, je bifurque vers le quartier du Km4. Sur le sentier (il n'y a plus de route goudronnée), nous rencontrons deux étranges moutons de couleur rousse. Ils semblent croisés avec des chèvres !



En fait de "Cité", terme (pudique) employé par les Congolais, il s'agit plutôt d'un bidonville. Gauthier habite une baraque en bois, au bout d'une impasse au sol détrempé par la pluie des jours précédents. Il me présente son fils et sa femme. Son autre fils, plus grand, n'est pas là. Je propose de faire une photo mais son épouse refuse d'être sur le cliché. Par contre, elle s'empresse de mettre un short au petit garçon afin qu'il soit présentable. Gauthier pose fièrement auprès de son fils Enoch.



Au dessus de la porte, fermée par un rideau rouge, on lit sur un panonceau "Jésus-Christ, mon compagnon de route". Enoch est un prénom biblique cité dans la Genèse.

Les voisins ne tardent pas à pointer leur nez. C'est rare de voir un Blanc dans le quartier ! Le voisin, Serge, est sympathique. Ses enfants jouent dans la cour. Le plus grand joue avec la coque d'une télécommande de téléviseur, le plus petit mordille celle d'un téléphone portable. Le plus grand a la tête entièrement recouverte de croûtes blanches (probablement dues à la teigne). Contraste fort avec sa peau noire... Le père lui met une casquette afin de cacher cette disgrâce sur la photo.



Un autre voisin arrive. Gauthier me dit que c'est le propriétaire de son logement. Il s'exprime avec difficulté car il est presque sourd. On arrive quand même à le comprendre un peu.
Un autre homme me demande si je pourrais lui offrir de quoi "en descendre une". Gauthier est un peu gêné... Il a déjà visiblement un peu trop goûté à la bière ! Un autre interlocuteur me dit que "Sans la France, le Congo n'est rien".
L'environnement est assez sordide. Tôles rouillées, planches et carcasses de voiture font partie du décor. Les bassines et les seaux pallient l'absence d'eau courante.

 

Le linge sèche sur les fils tendus entre les baraques. Un peu surélevées, entre quelques murs de parpaing, trônent les toilettes. Un petit ruisseau s'écoulant au milieu de la végétation doit servir de "tout à l'égout". 



On ne sort pas indemne d'une telle visite. C'est difficile d'être confronté de visu à la misère. En dépit de celle-ci, les habitants sont accueillants et souriants, sans doute heureux que l'on s'intéresse un peu à eux.
On comprend aussi la colère, la révolte contre la misère qui a pu animer des personnes comme l'Abbé Pierre ou Soeur Emmanuelle. Pourquoi certains ont-ils tout, et même trop, et d'autres presque rien ?

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