En ce lundi 2 février, je fais une nouvelle fois mes valises. Je réussis à caser mes différents achats, tout en gardant dans un sac avec moi les éléments les "plus précieux". Je ressors du placard le manteau d'hiver. Tiens, je l'avais presque oublié.
La veille au restaurant, j'ai dit au revoir à Red, le jeune serveur. Ce dernier est d'une gentillesse et d'une naïveté désarmante... Quand un moustique me pique au niveau d'un doigt, au cours du repas, il me dit que "le moustique n'est pas gentil !". Il espère toujours faire un stage d'hôtellerie au Maroc. Pourvu qu'il ne se fasse pas arnaquer... Je lui laisse mes coordonnées. Il dit avoir "beaucoup d'affection" pour moi, alors que l'on se connaît à peine. Mais c'est très aimable de sa part.
Je prends le chemin de la clinique. Le ciel est uniformément gris. Ce qui est assez rare. Il tombe depuis le matin une pluie continue.
Un peu plus tard, afin d'enregistrer mes bagages, je prends la route de l'aéroport avec un chauffeur, Charles, surnommé à la clinique "le grand Charles". La route s'est transformée par endroit en véritable ruisseau, boueux, tour à tour ocre ou noir.
Il y a peu de monde à l'aéroport. L'enregistrement des bagages peut se faire, mais le système informatique de délivrance de la carte d'embarquement est en panne. J'ai droit à une carte remplie manuellement...
Dans la voiture, je discute avec Charles de la situation du pays. Il préfère le statu quo au retour de la guerre civile. Il me dit qu'il n'ira pas voter pour l'élection présidentielle et considère que "le résultat est connu d'avance". Evoquant un éventuel changement politique, il convient que la violence n'est pas forcément évitable. En référence à la Révolution Française, il reconnaît que si les gens n'ont rien à manger, "ils deviendront méchants".
Charles déplore depuis 20-30 ans la disparition d'entreprises à Pointe-Noire et la mise en place de la sous-traitance, régime peu favorable aux salariés Congolais. Il évoque les produits Chinois qui sont "beaux" mais de médiocre qualité. Il prend comme exemple les mobylettes, regrettant le temps des Peugeot... Les constructions chinoises n'échappent pas à ses critiques, l'hôpital et le stade seraient déjà fissurés.
Charles est marié et souhaite se limiter à deux enfants. Moins sérieusement, je lui demande combien il mesure. Il me répond qu'il ne connaît pas sa taille !
Afin de ne pas le laisser dans l'ignorance, en début d'après-midi, je le mesure dans le bureau du pédiatre. C'est un beau bébé de 1,91 m. Avec ses chaussures, il approche des 2 m. Largement au dessus de la plupart des Congolais.
Le midi, je déjeune au Derrick et repasse à l'hôtel dire au revoir à Patrice. Il est persuadé que je vais revenir au Congo. Nous sortons quelques dictons de circonstance ("loin des yeux près du coeur" ou "toutes les bonnes choses ont une fin"...).