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11 mai 2012 5 11 /05 /mai /2012 16:00

Gauthier a ainsi encore déménagé... Il m'a raconté que dans le quartier du Km4 où il était l'an dernier, la rue a été goudronnée et élargie, et il a dû partir. Béna souligne que c'est le 4ème logement en 4 ans !

A proximité de l'avenue de la Révolution, le nouveau "logement" est "moins bien" pour Gauthier. L'environnement n'est pas tellement différent de l'ancienne habitation, mais c'est surtout à cause de la promiscuité avec les voisins. D'ailleurs, nous nous asseyons dehors et les enfants du voisinage ne tardent pas à pointer leur nez...

Les enfants de Gauthier ont grandi en un an ! Lokua a perdu ses joues de bébé, la petite Fanny marche presque toute seule, les jambes un peu arquées.

 

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Béna, la femme de Gauthier, les enfants... et les voisines

 

Je procède à la distribution de quelques petits cadeaux, un jouet pour Lokua (une voiture en plastique jaune récupérée chez les parents), des ballons de baudruche pour John, un livre avec des images d'animaux pour Exaucé, des stylos pour tout le monde (merci Françoise !), des serviettes de toilette pour Béna et Fanny.   

 

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La petite Fanny suçant son bonbon

 

Les enfants son contents, je distribue aussi des bonbons pour les petits et les grands, sans oublier les voisins. Exaucé regarde une image de caméléon. Comme je suis assis, il remarque que je n'ai plus de cheveux sur le sommet du crâne... Il m'en fait la remarque et je lui réponds qu'en effet, je suis "un peu vieux" !

 

Je gonfle un ballon de baudruche, les enfants jouent dans la ruelle, le ballon rebondit sur les toits en tôles rouillées, et inévitablement, passant de mains en mains, ne tarde pas à exploser ! Gauthier a un peu de mal à en gonfler un deuxième, John n'y arrive pas du tout.

Un petit sac posé par terre est recouvert de mouches. Que contient-il ? Un voisin vient spontanément enlever une porte, aposée contre la façade d'en face, et qui gênait la circulation dans le passage étroit.

 

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John tenant le ballon et jouant avec les voisins, Lokua et sa voiture jaune

 

J'essaie de faire prononcer une phrase en français à Lokua, du style "Bonjour, je m'appelle Lokua et j'habite à Pointe-Noire au Congo". Pas facile... L'enfant est sans doute intimidé et ne pratique pas encore beaucoup la langue de Molière à la maison.

Béna raconte que John est trop agité à l'école. Ce n'est pas le dernier en effet à s'amuser avec le ballon. Exaucé semble plus calme, il est un peu malade aujourd'hui d'après son père.

 

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Gauthier et sa fille Fanny devant l'entrée de la "maison"

 

Jacques rejoint le groupe. Il n'est visiblement pas en forme et a le visage fébrile... Nous discutons de la ressemblance de la petite Fanny. Béna dit qu'elle ressemble à Gauthier et Gauthier affirme l'inverse ! Difficile de les départager.

 

La nuit commence à tomber et il est temps de rentrer. En quittant la ruelle, j'offre un bonbon à un petit garçon en salopette jaune, tenu dans les bras de sa maman. Il doit avoir environ 18 mois et se met à pleurer... Il n'a sans doute pas vu beaucoup de mundele jusqu'alors !

 

Nous prenons un taxi pour rentrer à l'hôtel. Le chauffeur évite l'avenue de Gaulle, chargée à cette heure de pointe et prend un chemin détourné.

Ouf, j'ai échappé cette fois à la proposition d'adoption de Lokua de la part de Gauthier... Situation toujours gênante.

 

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Circulation ponténégrine au soleil couchant...

 

Nous rejoignons l'avenue Ngouabi alors que le soleil décline et ensuite la Côte Sauvage. Gauthier et Jacques montent dans ma chambre pour discuter "affaires". J'avais "commandé" deux "masques passeport". Je fais mon choix et discute le prix.

Jacques me raconte que sa fille pleure tous les matins... Il n'a pas pu payer l'école, et elle ne comprend pas pourquoi elle reste à la maison, alors que ses copines du quartier y vont. C'est sans doute vrai... ou bien alors c'est pour m'attendrir ? Marché conclu pour les petits masques. Il me propose quelques autres antiquités, mais pour l'instant, je vais réfléchir.

 

A l'hôtel, je salue Patrice qui finit son service vers 20h. Il croise Manu avec lequel je vais boire un verre à la "Pyramide", bar-restaurant au bord de la plage. Nous prenons une bière sous les grands palmiers et entendons le fracas des vagues, sur fond de musique de Bob Marley... Il fait assez sombre et les serveurs sont équipés de plateaux au fond lumineux. Des éclairs zèbrent le ciel dans le lointain. Contraste avec la "cité" que je viens de quitter...

Nous discutons des évènements personnels ou professionnels des mois écoulés. Manu me raconte que son véhicule de service est désormais équipé d'un mouchard... Non pas pour le localiser (quoique ?), mais surtout pour surveiller la vitesse et le comportement du conducteur. J'avais remarqué qu'il conduisait plus lentement, voilà la raison ! Manu m'annonce fièrement qu'il a été classé premier en "bonne conduite". Bravo !

Nous rentrons à pied au Palm Beach, Manu reprend son service et je dine vite fait. Un nouveau serveur s'appelle "Mérite". Ah, les prénoms congolais, toute une histoire !

Je suis moins fatigué qu'hier, mais j'ai de belles cernes sous les yeux. Je ne fais pas de vieux os...

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11 mai 2012 5 11 /05 /mai /2012 15:30

En fin d'après-midi, j'ai rendez-vous avec Gauthier afin de mener l'enquête... Je suis à la recherche d'une boutique de Pointe-Noire qui s'appelait le "Petit Paris" et dont vous avez pu voir des clichés dans les albums du blog (photographies du Congo des années 1950, communiquées par une lectrice assidue, Françoise).

 

Gauthier est en retard et je suis contraint de l'appeler. Eh oui, mon téléphone fonctionne ! Enfin presque, puisque je peux passer des appels, mais étrangement pas en recevoir. Il attend son copain Jacques, qui n'est pas à l'heure... Finalement, il vient seul, car le temps est compté. Nous montons en taxi jusqu'à la "cité" et nous nous arrêtons prés du Grand Marché.

 

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Boutique "Au petit Paris" au début des années 1950 à Pointe-Noire (© Françoise)

 

En ce vendredi après-midi, le marché est assez calme. Quelques étals ont pris place devant les boutiques tenues principalement par des ouest-africains. Gauthier me guide et nous empruntons une sombre ruelle, sous les tôles et au milieu d'échoppes hétéroclites. Il veut me faire rencontrer une "informatrice" potentielle, qui est "née à la cité".

Nous tournons à gauche dans une venelle. Je n'y serai pas venu tout seul... Gauthier demande à une petite fille qui joue sur le pas de porte d'une maison si "maman Biguette" est là.

La réponse est affirmative et nous entrons dans une pièce assez sombre, où une femme d'âge mûr est assise sur un canapé. Gauthier fait les présentations et l'informe rapidement de l'objet de notre visite.

Nous sommes invités à nous asseoir en vis à vis dans un autre petit canapé. Quelques objets traînent par terre (un porte-monnaie et de la nourriture), le sol est carrelé et des étagères modernes présentent quelques bibelots.

Je montre des reproductions de photos de la boutique à "maman Biguette". La femme est épatée quand je lui dis que ces clichés ont environ 60 ans. Elle nous dit en avoir 62. Autant que les photos ! Le nom de la boutique lui dit quelque chose, mais elle n'est pas capable de la situer. C'était un bazar où l'on vendait un peu de tout (ustensiles de cuisine, bocaux, vêtements...). 

Mais pour elle, le magasin a sans doute été détruit. Il s'est passé tant de choses dans les parcelles de la ville indigène depuis 60 ans ! Les commerçants ouest-africains ont souvent détruit et reconstruit de nouvelles boutiques. Maman Biguette nous dit qu'aujourd'hui, c'est plutôt le "Petit Dubaï" qui est à la mode !!

Pour être sure, elle compte cependant se renseigner auprès d'autres "anciens" du quartier. Je lui laisse donc les reproductions.


J'avais trouvé une autre photo d'un "Petit Paris" peint en bleu et blanc (ci-dessous), mais difficile de savoir où il était précisément.

 

Petit-Paris PointeNoire

Autre boutique "Petit Paris" à Pointe-Noire

 

Maman Biguette parle un bon français et s'adresse souvent à Gauthier "en patois", selon son expression. Elle est déjà venue en France (chez sa fille je crois) et est fière de raconter qu'elle était à Paris, a pris le métro "Porte des Lilas". Elle s'est aussi rendu à Amiens et a emprunté le TGV pour aller à Lourdes. Je dis à Gauthier qu'il a donc en face de lui une femme qui a roulé à 300 km/h !

Alors qu'elle ne voyait presque plus rien, elle s'est faite opérée de la cataracte en France. Elle souligne qu'elle a payé cher, 2 000 Euros pour chaque oeil. Mais elle est très contente d'avoir retrouver une bonne vision.

La vieille femme (62 ans, c'est beaucoup au Congo...) ne manque pas de ressort. Elle apostrophe vigoureusement sa petite fille qui vient "jouer" avec un chargeur branché dans une prise électrique.

Nous lui donnons rendez-vous à demain pour le résultat de ses recherches. De son côté, elle dit à Gauthier qu'elle aimerait bien que sa femme Béna lui rende visite. Cela fait bien longtemps qu'elle ne l'a pas vue. 

 

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Immeuble moderne surplombant les baraques en tôles

 

Maintenant, il s'agit de se rendre chez Gauthier. Il a un peu de mal à ouvrir un portail en fer qui a été refermée au bout de la venelle... Mais on finit par trouver le loquet.

Mon accompagnateur me propose de prendre un taxi. Cela vaut-il la peine ? Non, ce n'est pas loin. Nous passons à pied devant la Grande Mosquée. On m'interpelle gentiment en anglais d'un "How are you ?". Tiens, on me prend pour un anglo-saxon ? D'habitude, c'est plutôt pour un libanais...

Nous remontons l'avenue de la Révolution. En prime de la circulation dense, de la poussière, des effluves nauséabondes nous assaillent par endroit...

Les boutiques sont animées, vendeurs de vêtements, épiceries, petits garages... s'alignent le long de l'avenue. Des femmes font griller du poisson sur du charbon de bois. Des enfants vendent quelques fruits sur un étal en bois, pas très reluisant.

 

 

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Au fond de l'arrière cour à la cité...

 

Nous traversons une rue et entrons via un étroit passage dans une arrière cour. Un grand immeuble moderne paré de carreaux ocres surplombe les bicoques recouvertes de tôles rouillées. Nous voilà arrivés chez Gauthier ! L'environnement est fait de bric et de broc et on ne peut pas dire que le cadre soit charmant...

 

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