Le "Grand Marché" se situe au coeur de la "cité", appelée autrefois le "quartier indigène". Sur cette vue aérienne (datant semble t-il d'une vingtaine d'années), on distingue une zone de toits marrons. C'est le marché couvert appelé aussi "marché central".
Au niveau du rond-point Lumumba, sept avenues rayonnent et donnent la trame de la cité. Certains racontent que cela symbolise les 7 jours de la semaine. D'autres précisent que cette disposition permettait, à l'époque coloniale, de contrôler d'éventuels mouvements de population (quelques mitraillettes bien placées auraient suffi alors à empêcher l'envahissement de la ville "européenne").
Nous garons notre véhicule en haut du rond-point, près d'une petite boutique qui vend entre autre des jouets pour enfants (petits vélos en plastique...). Sur le conseil d'Honoré, nous ne laissons rien dans le véhicule (il ne faut pas tenter l'éventuel maraudeur !).
Les étals des marchands prennent place dans les avenues et les rues adjacentes au marché couvert. Je reconnais au loin à droite, les minarets et la coupole de la "Grande Mosquée" (cf Vers la Grande Mosquée ).
La foule se densifie au fur et à mesure que l'on se rapproche de l'épicentre du marché. Les étals et les parasols colorés s'entremêlent, les fruits et les légumes de toutes sortes (mangues, bananes, papayes, oignons, tomates...) forment des camaïeux resplendissants et côtoient les empilements de poissons salés. On n'a pas assez d'yeux pour tout voir. C'est un fatras de taxis, de carrioles, de piétons qui s'entrecroisent et qui étrangement cohabitent sans trop de heurts. Dommage que la météo ne soit pas de la partie... Les averses ont détrempé le sol. La chaussée n'est plus qu'un mélange de boue, de sacs plastiques et de détritus. Franck a eu la mauvaise idée de venir en sandales... Pour ma part, j'essaie d'éviter les flaques boueuses du bord des rues en "dansant" d'un pied sur l'autre. Heureusement que j'ai mes deux accompagnateurs, car je me sens bien seul au milieu de cette foule grouillante qui semble animée d'un mouvement suivant sa propre logique.
Au niveau du marché couvert, Honoré me dit que l'on peut trouver de la "viande de brousse". Autrement dit de la viande d'animaux sauvages (dont malheureusement quelques fois des espèces protégées...). Il me dit aussi que les allées sont très sales et qu'il vaut mieux éviter d'y aller. Nous n'avons pas non plus assez de temps pour parcourir tout le marché.
Le lieu est bruyant car en plus des véhicules, des sonos crachent leur musique saturée et les groupes électrogènes vrombissent dans les boutiques "en dur" bordant les rues. Les odeurs de gaz d'échappement se mélangent parfois avec celles des égouts. Ames sensibles s'abstenir !
Nous prenons une rue latérale bordée de boutiques où les Ouest Africains (béninois, sénégalais, maliens...) étalent leurs vêtements chatoyants. D'autres boutiques offrent des biens d'équipement (casseroles, petits ustensiles...). On me regarde parfois, mais sans agressivité. La plupart poursuivent leur chemin sans prêter attention au petit Blanc explorant le marché.
Devant une échoppe, un homme plonge la main dans un égout à ciel ouvert, visiblement à la recherche d'un objet perdu. Un peu plus loin, le chargement mal amarré d'une carriole chargée de valises tombe au milieu de la chaussée.
La foule s'éclaircit. Un chauffeur de taxi roulant au pas, fenêtre ouverte, nous fait une mauvaise blague. Il crie " Vous avez-vu le voleur ! Il vient de partir en courant...". Mais nous ne tombons pas dans le panneau. Raté, le mundélé n'a pas eu peur !
J'aimerai bien prendre une photo souvenir. Mais Honoré m'en dissuade. Il m'explique qu'ici les gens n'aiment pas être photographiés. C'est vrai que les rumeurs et les mouvements de foule sont parfois imprévisibles en Afrique. Dommage ! Mais ne prenons pas de risque.
Pour donner une idée de l'ambiance (et de la météo médiocre...), j'ai quand même pris un cliché de l'intérieur du véhicule.
On distingue au fond les premiers parasols des étals du marché. La voirie est typique d'un jour de pluie à Pointe-Noire...
Nous prenons la direction du quartier Saint Pierre où se situe parait-il un lieu de culte.