Nous reprenons notre périple en direction de Dolisie. La route est ponctuée de chantiers où nous découvrons d'autres techniques utilisées pour retenir le sol des impressionnantes pentes défrichées. Des échafaudages (en partie constitués de bambous) grimpent le long des falaises, des grillages sont fixés sur la roche et ensuite du béton est injecté par dessus. On utilise également ce genre de technique dans les montagnes françaises. Les ouvriers sont très peu nombreux par ici.
Une vingtaine de minutes après Mvouti, Manu m'informe que nous venons de traverser la ligne du CFCO. Je ne m'en suis même pas aperçu ! Il faut dire qu'il n'y a pas de signalisation, encore moins de système de protection. La chaussée n'est pas encore élargie dans cette zone et la verdure abondante masque la vue. Nous nous arrêtons près d'un petit ravin rempli d'eau. Au fond, la carcasse d'un camion finit de rouiller. Manu me dit que l'accident est ancien. Seuls quelques piquets plantés au bord du ravin marquent la limite de la piste dans cette partie très étroite, sombre et humide. Je n'aimerai pas y passer de nuit... Le sol comporte des roches ardoisières et des fougères poussent dans les anfractuosités des parois, formant de superbes tapis.
Je descends pour voir la voie du Chemin de Fer Congo Océan de plus près. Honoré repère avec moi les zones de frottement où le rail est dérouillé, révélant le passage régulier du train. L'écartement entre les rails est faible. Il n'y a pas de ballast pour maintenir les traverses. Il subsiste quelques poteaux électriques à l'air penché le long de la voie. Mais les fils ont disparu, sans doute depuis bien longtemps.
La voie ferrée traversant la Route Nationale 1
Je décide de parcourir quelques dizaines de mètres sur les rails. Manu et Honoré restent à proximité du véhicule. La voie ferrée s'enfonce sous une belle voûte végétale de bambous.
Voie ferré du CFCO s'enfonçant dans le Mayombe
On est littéralement plongé dans le vert. C'est très beau et un peu inquiétant. Un peu plus loin un petit panneau aux chiffres bancals indique une limitation, je suppose de la vitesse à 20 km/h. Nous ne devons pas être très loin du point culminant où passe le CFCO, à plus de 400 mètres d'altitude. On a l'impression que la voie ferrée est face à un mur végétal.
Je rebrousse chemin. Pendant mon modeste parcours, Manu a découvert sous la végétation un panneau de signalisation ! Dans le sens inverse, il y aura donc désormais une indication de la présence de la voie ferrée. Mais la nature foisonnante du Mayombe reprendra très vite ses droits.
Panneau de signalisation CFCO