En ce dimanche matin, je me lève vers 9 heures. Après la rude journée d'hier, l'expédition à Conkouati et la soirée chez Patrick, le réveil est lent. Des courbatures me raidissent la nuque et le dos. C'est le fruit de près de 9 heures de secousses sur les pistes ! Quelques médicaments sont les bienvenus pour soulager ces douleurs. Mais je ne regrette pas du tout d'être allé à la rencontre de nos cousins chimpanzés.
Je reçois un appel de "mon" couturier Junior qui dois passer vers 15 heures pour me rapporter ma gandoura. De retour du petit-déjeuner, je dispense la femme de ménage de l'entretien de la chambre. C'est dimanche, non ?
A midi, je déjeune sous la paillote. La météo est médiocre et les manches sont les bienvenues. En cours de repas, Gauthier me rejoint. Je lui offre une Primus. Au fil de la discussion, il veut encore me marier ! Décidément, c'est une obsession... Dans un tout autre registre, il veut m'offrir une papaye pour mon départ. Pourquoi pas, même si ce n'est pas vraiment pratique à transporter. Gauthier me dit que son fils Enoch est à l'hôpital pour une crise de palu. Mon interlocuteur me semble pas très à l'aise et j'ai l'impression qu'il me ment. Voyant peut-être mon attitude dubitative, il ne me demande rien. Nous évoquons le moustique vicelard, l'anophèle, à l'origine de la transmission de la maladie parasitaire.
Gauthier me quitte et en début d'après-midi, je me repose. Vers 16 heures, je pars faire un petit tour sur la plage. Junior est en retard et j'informe le garde de l'hôtel de mon départ, au cas où il se pointerait.
Quelques instants plus tard, je croise un jeune homme qui quitte sa casquette pour me saluer. Je connais son visage mais je ne sais plus trop où je l'ai croisé. Il me dit être le copain de Jephté ! C'est donc un plagiste que j'ai brièvement croisé en janvier (cf Déambulation congolaise à la plage ). Je regrette de ne pas avoir de photo à lui donner, mais il faut dire que j'avais une chance sur 1 million (ou presque) de retomber dessus !
Visiblement notre rencontre l'a marqué. Il se souvient en effet que j'avais ramassé un noyau de noix de palme sur la plage. Je lui dis me souvenir qu'il portait une chemise noire. Je lui demande de souhaiter le bonjour à Jephté, avec lequel j'avais eu une conversation intéressante.
Sur la plage, aujourd'hui c'est animé, en dépit d'une météo maussade. Les opérateurs de téléphonie mobile s'affrontent... Tout d'abord, je passe devant "MTN" opérateur d'origine sud-africaine implanté depuis 2005 au Congo. Quelques stands aux parasols jaunes sont disposés au bord de l'avenue. On distribue T-shirt et casquettes pour attirer le chaland.
Un peu plus loin, c'est le concurrent "Zain" qui a mis une installation plus impressionnante avec une scène et une sono. L'opérateur, d'origine moyen-orientale, fête son premier anniversaire congolais. Après avoir racheté la compagnie Celtel, il s'est ainsi implanté en Afrique Noire.
La foule se presse devant l'animation gratuite. Junior me rejoint ! Le garde lui a dit que j'étais parti faire un tour sur la plage. Nous passons quelques minutes devant la scène. Il ne se passe somme toute pas grand chose... Un animateur baratine. Il parait qu'un groupe de musiciens doit intervenir sous peu.
Pendant que nous discutons une jeune mendiant nous sollicite. Il est manchot et le moignon dépasse de sa manche courte... Il nous dit vouloir acheter des chaussures. Cela jette un froid dans la conversation. Je lui donne quelques pièces et Junior fait de même.
Derrière nous, une jeune homme porte un T-shirt à l'effigie d'Obama. Son copain fume visiblement une cigarette "parfumée". Un homme promène un chien qui de temps à autre se jette vers un passant, créant un mouvement de recul de la foule.
Pour passer le temps, l'animateur fait monter sur scène quelques spectateurs, qui chantent comme ils peuvent.
Mon "ami" Babakila, le photographe bavard, (cf Plage : le photographe et la sirène) nous rejoint. Il est toujours à la recherche d'appareil photos d'occasion ou d'objectifs.
Quelques chinois ou philippins se baladent sur la plage et je vois passer... un autre Blanc !
L'animation n'étant pas terrible, et les "vrais" musiciens toujours absents, retour à l'hôtel. Sur le chemin du retour, un "sosie" de Michael Jackson esquisse quelques pas sur le sable. Il est accompagné d'un radio cassette tenu par un copain à casquette. Le sosie filiforme porte un habit noir à dorures, un chapeau et des gants blancs. Des jeunes filles s'arrêtent et se moquent de lui.
De retour à l'hôtel, nous nous installons près de la piscine. Je file dans ma chambre et enfile ma deuxième version de gandoura. C'est nettement mieux !
Junior a quant à lui revêtu une superbe tenue aux couleurs africaines. Sur fond noir, de petits continents africains, de couleur rouge, jaune et vert, se succèdent.
Nous discutons un long moment. Junior reparle de ses projets de couturier parisien. Il n'est pas conscient des difficultés, mais l'espoir fait vivre !
Je commence à avoir froid et salue mon invité dominical. Il me dit vouloir me revoir pour m'offrir un "cadeau", demain soir. Soit, nous verrons bien.
Plus tard, je retrouve Patrice qui reprend le travail. Il arrive directement de l'office religieux. Rien qu'en lui serrant la main, je constate qu'il a encore de la fièvre. Je lui demande si il a de quoi se soigner... Il me répond qu'il n'a plus de médicaments. Je lui donne donc 3 comprimés de paracétamol, qui lui permettront de passer la nuit dans de meilleures conditions. Misère...
Au restaurant, je retrouve le serveur Red. Ce soir, il est tout fier car il fait les additions !
Pour rire, je l'appelle donc "chef" et immortalise l'instant. Il pose avec sérieux derrière le comptoir du restaurant.
Après le repas, je retrouve Patrice et lui montre quelques photos de l'expédition à Conkouati qu'il a malheureusement raté. Il est épaté par les chimpanzés. Je lui dit que les plus âgés blanchissent. Avec bon sens, il me rétorque que, somme toute, ils sont comme nous ! On évoque mon proche départ. Je quitte Patrice, car comme disent certains, il est temps de "mettre le jambon dans le torchon", demain il faut bosser.