Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
17 juin 2011 5 17 /06 /juin /2011 11:00

Vendredi, dernière journée de formation. Mon chauffeur Anicet me conduit au Km4. Sur notre route, nous voyons deux asiatiques (Chinois ?) qui tentent de photographier un lézard (un agame) qui grimpe le long d'un tronc d'arbre. Sans doute n'en ont-ils pas de semblable dans leur pays. En tout cas, la scène fait sourire Anicet !

 

Au loin, je vois une épaisse fumée noire qui monte dans le ciel. Anicet trouve cela banal, mais pas moi. Pas de chance, c'est dans le quartier où je vais. Une nouvelle fois, on incinère je ne sais quelles cochonneries, juste derrière le centre de formation. Ah, le bon air maritime de Pointe-noire agrémenté de dioxines !

 

pointe-noire-pollution-km4

Cheminée crachant sa fumée dans le quartier du Km4    

 

Je retrouve trois infirmiers en formation, dont Camille que j'avais déjà initié, lorsqu'il était au poste de secours de la BI.

 

pointe-noire-port-agrandissement

Grisaille sur la côte Mondaine

 

Le temps est très maussade aujourd'hui. Une chape de plomb, grisaille typique de la saison sèche, recouvre la ville. A la pause de midi, je retrouve Manu devant le Derrick. Il m'invite à venir manger chez lui dimanche midi, avec Patrice. Je n'y suis pas allé depuis qu'il a déménagé sa boutique... Manu me dit avoir trouvé le bâtiment colonial dont je lui avais donné la photo. Il m'indique qu'il se situe pas très loin d'ici, dans le quartier du port.

 

Le soir, je retrouve comme prévu les vendeurs d'antiquités devant la résidence. Olivier et Nicaise déballent leurs sacs de "trésors", sur le parking extérieur de la résidence. Nous nous plaçons devant les lumières, car il fait déjà nuit. Pas très confortable, mais bon, je n'ai pas d'autre option !

Le choix parmi tous les "trésors" est difficile... J'essaye d'acquérir des objets que je n'ai pas déjà, pas trop encombrants et pas trop chers. Auprès de Nicaise, j'achète une insolite cuillère d'apparat, qu'il me dit être Kuba (RDC), et un chef Bembé, assis en tailleur et portant une fine barbichette. J'avais déjà acheté ce type de statue, mais pas pour moi.

Auprès d'Olivier, j'acquiers un "tambourineur" Kongo. Il me manquait une figure musicale, art important dans la culture congolaise.

 

Kongo-statue-porteuse-coupe

Porteuse de coffre cariatide

 

Deux objets (que je n'achètent pas) retiennent aussi mon attention. Il s'agit d'une porteuse de "coffre" Kongo. La femme est agenouillée et porte en cariatide un coffre, orné de quelques clous et surmonté d'une tête humaine. Le vendeur suppose que c'était pour mettre des bijoux ou des choses précieuses, mais peut-être il y a t-il d'autres explications à cette posture. La femme est tatouée de losanges et aussi de feuilles sur les cuisses. Elle repose sur un disque à la teinte différente du reste de la statue.

 

L'autre statue est un homme, un Nkisi, fétiche Kongo probablement Vili. Il porte comme de coutume sur le ventre la boîte renfermant le pouvoir magique, derrière un miroir. Le visage a été repeint récemment en blanc. On peut supposer que c'est la couleur d'origine, assez fréquente, bien qu'il existe des versions en rouge et noir.

 

kongo-statue-fetiche

Statue Kongo Nkisi

 

C'est sa posture qui est originale. Il porte un genou à terre et tourne la tête sur le côté. Les bras sont positionnés le long du corps. Les yeux grands ouverts peuvent symboliser la colère ou la menace, destinée à celui qui va être "jugé" par le fétiche. La bouche aussi est ouverte. L'heure de vérité approche !

 

Après ces achats, je vais manger. Je me sens fatigué et je n'ai pas le courage de ressortir. Je n'irai pas au concert de Xavier prévu ce soir, auquel j'étais invité.


Partager cet article
Repost0
16 juin 2011 4 16 /06 /juin /2011 20:00

En ce jeudi, les formations se poursuivent au Km4. Je change d'élèves : cette fois-ci il s'agit des pharmaciens et du chirurgien. A midi, je dis aux vendeurs d'antiquité toujours présents devant la résidence, de ne pas m'attendre ce soir. Je leur donne rendez-vous à vendredi soir.

 

En effet, je dois aller ce soir au resto avec Olivier. Le pharmacien passe me chercher au Derrick vers 19h30 et nous prenons la direction de l'aéroport, pour tourner à droite au niveau de l'hippodrome. Nous empruntons la route de la gendarmerie, qui est en chantier. Le panneau "Route barrée" n'empêche personne de passer...

Outre la perspective de passer un moment ensemble, Olivier a pour objectif de me présenter le propriétaire français du restaurant "Sous les manguiers", où j'étais déjà venu lors d'une précédente mission.

 

resto-manguiers-entrée-PNR

Entrée du restaurant "Sous les manguiers" 

 

Nous prenons place au bar près de l'entrée. Olivier me présente Michel, accoudé au comptoir. Le restaurateur, à l'embonpoint assumé, est présent à Pointe-Noire depuis une trentaine d'années. En dehors de son restaurant, Michel organise parfois des actions culinaires à plus grande échelle, lors de manifestations publiques. Il a seulement quitté la ville pendant environ deux ans au moment de la guerre civile des années 1990. Michel connaît donc très bien Pointe-Noire et nous raconte ainsi qu'il a été le témoin des hauts et des bas dans les relations franco-congolaises. La situation peut très vite changer... Il a par exemple subi des jets de pierres dans son restaurant. Il suffit de quelques personnes pour manipuler des enfants ou des jeunes, et leur désigner un ennemi ! Le "français" que l'on a sous la main sert alors de bouc émissaire au mécontentement des dirigeants en place. Notamment quand on met le nez dans leurs affaires (conflit sur "les biens mal acquis"...).


Nous parlons aussi de l'histoire plus ancienne, de la gare de Pointe-Noire notamment. J'ai découvert que la gare était l'oeuvre de l'architecte Jean Philippot (cf  Gare de Pointe-Noire : Deauville ?). L'utilisation d'éléments de l'architecture normande au coeur de l'Afrique est pour le moins surprenante. J'invite Michel à lire l'article sur mon blog. Qu'il connaît déjà, car il trouve l'article que j'avais écrit en 2009 (cf Sous les manguiers) assez élogieux pour son commerce. Il se souvient notamment de Jacky qui dépiautait son poisson !

Michel nous fait part du fait que les familles françaises installées depuis longtemps à Pointe-Noire sont assez réticentes à sortir leurs anciennes photos. C'est dommage, car la ville est en train de considérablement changer et ces clichés sont le témoin d'un temps révolu. Sans doute n'ont-ils pas conscience de la valeur patrimoniale de leurs archives familiales ?

 

Pendant que nous prenons l'apéro au bar, nous passons commande en cuisine, car il faut un peu de temps de préparation. Je reste dans la tradition du poisson grillé (ce devait être un bar ce soir là). Olivier taquine gentiment le personnel de service. C'est un habitué des lieux !

Nous évoquons les travaux en cours à Pointe-Noire. L'élargissement et le bitumage de la route de la gendarmerie qui passe devant son restaurant est source d'inquiétude pour Michel. Les véhicules vont rouler plus vite et immanquablement les accidents seront plus nombreux et plus graves. Il déplore la disparition progressive des manguiers quasi-centenaires de l'avenue. Chacun prend le droit de les abattre... On a fait de même au rond-point du 31 juillet où un superbe ficus a été abattu.

Un grand projet de modification du carrefour au niveau du passage à niveau du CFCO et de l'avenue Marien Ngouabi est en cours. Il est prévu de faire un pont au dessus des voies. Le but est de mieux gérer les flux de circulation de la route de l'aéroport, le lieu étant fréquemment l'objet d'importants bouchons, sans compter la dangerosité du passage à niveau. Le chantier sera t-il mené à bien ? Michel nous raconte que les édiles locaux sont allés au Burkina Faso voire une construction de ce type et que leur objectif est de faire encore mieux que les Burkinabés. 

NB : un article détaillé présente ce chantier sur le site du "congo dechainé", cliquer sur ce lien  : link

 

 

Nous saluons le sympathique restaurateur et prenons place sous la grande paillote. Nos plats sont prêts !

 

resto-manguiers-paillote-PNR

Paillote du restaurant "Sous les manguiers"

 

Nous dégustons nos poissons grillés. Le seul inconvénient pendant ce repas, ce sont les piqûres de moustique... Un ami d'Olivier vient nous rejoindre. Xavier n'est pas dans son assiette. On peut le comprendre, il vient d'apprendre le suicide d'un membre de sa famille.

Nous discutons Congo et musique. Xavier est un musicien branché Jazz. Il oeuvre avec les musiciens du coin et gagne ainsi sa vie. Il doit se produire demain soir dans un petit bar.

Olivier évoque la complexité des relations au Congo, relations entre Blancs et Noirs qui semblent n'avoir guère évoluées depuis l'Indépendance. Il nous parle d'un vieux bouquin qui dresse le portrait de plusieurs personnages type de l'époque coloniale. Il m'en conseille la lecture (il s'agit d'Azizah de Niamkoko, d'Henri Crouzat, publié vers 1959).

 

Vers 22h30, il est temps de rentrer. Nous traversons les tranchées de la rue en chantier. Etrangement, nous retrouvons devant le restaurant la même personne, téléphone portable à l'oreille, qu'en arrivant !

Olivier me conduit au Derrick et je le remercie pour cette agréable soirée.

 

Partager cet article
Repost0