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12 octobre 2013 6 12 /10 /octobre /2013 18:30

Au début de l'avenue du Port, on peut voir sur certaines vues anciennes de Pointe-Noire, un bel emplacement de sable blanc, vierge de toute construction. En arrière plan, le "réservoir" (cf Pointe-Noire coloniale : travaux d'adduction d'eau (suite) ) domine le quartier.

 

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Avenue du Port à Pointe-Noire en 1951 (© Almasy - AEF)

 

Le voisin immédiat de la parcelle était la Poste coloniale, construite au début des années 1930, et faisant face à la gare de Pointe-Noire (cf De Poste en poste... gare ! ).

 

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Bureau des Postes, vu de la gare (vers 1945 - Cliché Blondet - AEF)

 

La Poste déménagea en bas de l'avenue de Gaulle, et le terrain à bâtir accueillit vers 1950-55, la succursale de la Banque Nationale pour le Commerce et l'Industrie, la BNCI.

 

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La banque BNCI à l'angle de l'avenue Félix Eboué (carte postale Jack Plantier, vers 1955)

 

Au lieu d'être parallèle à l'avenue, le bâtiment fut mis en travers du terrain. Pour utiliser au mieux la superficie disponible ou bien pour faire original ?

La banque est construite sur trois niveaux, mais avec des degrés, des décorations en béton ajouré et des auvents qui rompent l'austérité de la façade.

 

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Façade de la BNCI à Pointe-Noire (carte postale vers 1955)

 

Le bâtiment a de l'allure, tout comme celui de la succursale de Brazzaville. Une troisième implantation congolaise existait parait-il à Dolisie.

La Banque Nationale pour le Commerce et l'Industrie a vu le jour en 1932, sur les décombres de la crise de 1929. Elle se développe tout d'abord en France, rachetant de nombreuses banques provinciales.

 

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Façade de la BNCI à Brazzaville (carte postale Charlejan vers 1955)

 

Dans les années 1940, la BNCI s'implante en Afrique Equatoriale (Congo, Cameroun, Oubangui-Chari) et à Madagascar. Dans le contexte de la Reconstruction de la Métropole, durement marquée par la Seconde Guerre Mondiale, elle est nationalisée en 1946.

En 1953, une partie de ses services se spécialise dans le conseil aux investisseurs et entrepreneurs français qui prospectent de nouvelles ressources et visent de nouveaux marchés à l'International, notamment en Afrique francophone. Ceci explique sans doute l'apparition d'une succursale à Pointe-Noire à cette époque.

 

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La BNCI de Pointe-Noire, vue de l'esplanade de la gare (carte postale vers 1955)

 

Un Fonds d'Investissement et de Développement économique et social est mis en place pour financer la modernisation des "territoires d'Outre-Mer". Les travaux d'infrastructures sont le préalable indispensable avant l'implantation d'entreprises industrielles. On commence aussi à faciliter l'accès au crédit pour les populations autotochnes. L'action relève du crédit social et de l'aide au développement pour les entrepreneurs locaux.

 

Dans le contexte de la Décolonisation, la BNCI disparaît en France en 1966. Elle fusionne avec le CNEP (Comptoir National d'Escompte de Paris) pour donner naissance à la BNP (Banque Nationale de Paris). Mais il semblerait que la filiale privée BNCI Afrique, garde son nom jusqu'en 1972, où elle devient "BNP Internationale".

Je ne sais pas qu'elle fut la vocation du bâtiment les décennies suivantes. La BNP avait-elle gardé ces mêmes locaux ?

 

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Siège de MTN à Pointe-Noire en 2009 (http://www.congo-site.com)

 

En tout cas, depuis 2009, l'ancienne BNCI est devenue le siège d'un opérateur téléphonique, multinationale d'origine sud-africaine. Il a décoré l'édifice à ses couleurs, mais l'allure générale 60 ans après la construction est préservée. Comment faire du neuf avec du vieux !

 

 

Sources :

Afrique et Capitaux - Tome 1 - Jean Suret-Canale - 1987 - Ed. L'arbre verdoyant

Wikipedia - Banque nationale pour le commerce et l'industrie (BNCI)

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1 octobre 2013 2 01 /10 /octobre /2013 20:00

Le quatrième cliché est plus personnel. On retrouve la maison du "contre-maître" (je le nomme ainsi faute d'information plus précise, aucune date, ni nom, au verso des photos).

Les premiers colons habitent dans des maisons sur pilotis, fabriquées avec les matériaux locaux. L'ossature et les murs sont en bois, les volets de l'auvent sont en bambous. Le toit semble être en tôles. A l'arrière plan, on remarque une autre petite habitation, je présume cette fois pour les autotochnes, avec une couverture végétale.

 

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Maison coloniale des environs de Pointe-Noire vers 1928 (© Marichelle - Loango)    

 

A l'époque, Pointe-Noire n'est qu'un semis de constructions éparses, quadrillé de rues en terre. Seuls quelques bâtiments administratifs construits en "dur" commencent à voir le jour dans le quartier du port et dans celui de la future gare.

Sur le cliché, je pense reconnaître la femme qui posait (cf Pointe-Noire coloniale : travaux d'adduction d'eau ) sur le chantier. Un enfant Noir est assis à ses pieds. Il porte un tablier, est-ce un marmiton ?

 

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Colons et leurs employés vers 1928 (© Marichelle - Loango) 

 

Pour les deux hommes Blancs, impossible de les rapprocher de ceux aperçus dans les travaux. Ils portent la tenue coloniale blanche, nœud papillon, veste, casque sur les genoux et petite moustache pour le plus âgé qui est assis, tenue plus décontractée, chemise sans manche, pour le plus jeune qui est debout. Tout à gauche, un chien roupille, la tête entre les pattes !

Pour les adultes Noirs figurant sur la photo, l'homme assis à gauche est habillé élégamment, costume, cravate, chaussures fermées. Il porte un parapluie et tient quelque chose sur lui. Visiblement un "évolué", selon le langage usité à l'époque. Un notable local ?

Les trois autres Noirs, debout, sont sans doute les employés de la maison. Celui du milieu porte un pagne, les deux autres sont habillés à l'européenne. Les plus vigilants auront aussi remarqué le jeune Noir assis sur le bord de la fenêtre de la maison, tout à droite du cliché (vue large).

 

 

plan-pointe-noire-1931

Emplacement du réservoir (extrait Plan de Pointe-Noire en 1931 © Vennetier)

 

 

Pour l'adduction d'eau dans la ville, on implante un réservoir dans le quartier européen, grosso modo à mi-chemin entre la gare et le phare.

Il est construit sur un point légèrement plus élevé par rapport au reste du quartier Djindji, à la lisière de la zone marécageuse Tchikoba.

 

pointe-noire-reservoir-vue-aerienne

Vue aérienne de Pointe-Noire vers 1950  - Le réservoir (carte postale)

 

On voit également ce réservoir, complètement à droite, sur le cliché ci-dessous. De forme cylindrique, coiffé d'un dôme, on ne peut pas louper ce singulier château d'eau.

 

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Quartier Djindji, avenue du Port en 1946 (© CAOM)

 

La population locale n'est pas oubliée. Un point d'eau est ensuite implanté à l'entrée du "village africain", sur la place dénommée alors Savorgnan de Brazza.

On l'aperçoit sur cette vue aérienne, au centre de l'esplanade, alors peu fréquentée par les véhicules à moteur.

 

pointe-noire-fontaine-village-africain 

Vue aérienne de la Place Savorgnan de Brazza (extrait carte postale vers 1950)

 

Il s'agit d'une belle fontaine, de facture moderne, avec 3 marches et des plots en béton pour la protéger. Les quatre faces de la colonne striée délivrent le précieux liquide, que les Congolais viennent chercher avec des récipients de toute sorte. 

 

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Fontaine publique du village Africain - Pointe-Noire 1934 (© AEF - Ag. Economique)

 

Cette fontaine a dû être détruite (dans les années 1970 ?). Je n'ai aucun souvenir de l'avoir vu sur la place Lumumba, où un rond-point est né à son emplacement.

 

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