Pendant que j'observe ma liane odorante, Aurélien joue avec... un mille-pattes. Je lui recommande de faire attention, au cas où le myriapode serait venimeux. Manu nous dit que non. Mieux vaut être prudent ! Même non venimeux (dans ce cas, ils n'ont pas de crochets), ils possèdent des substances irritantes à leur surface. Un détour par un service médical n'est pas prévu dans notre planning...
Mille-pattes du Mayombe (© Truuuc)
Un petit groupe de piétons nous dépasse. Les villageois marchent et marchent encore... Une femme porte le traditionnel panier et la machette est de rigueur pour l'un des hommes. Toujours utile en forêt !
Villageois du Mayombe sur la piste de Bilala (© FabMoustic)
Nous passons près d'une belle bananeraie implantée dans une petite clairière. Nous traversons ensuite une zone d'exploitation forestière. De grands arbres ont été abattus et le spectacle de la forêt chamboulée n'est guère plaisant.
Manu nous dit que les exploitants Malaysiens embauchent souvent des retraités sur ces chantiers, car ils les payent moins chers ! Cela doit leur faire un complément à leur maigre retraite (à supposer qu'ils en touchent une).
Malafoutier du Congo et son harnachement (© Vennetier - 1966)
Un peu plus loin, nous croisons un homme avec un drôle d'engin autour du buste. Manu s'arrête sans rien dire et baisse la vitre. Je demande à l'homme s'il va à la chasse... Sur le coup, je pensais à un piège.
Manu et l'homme rigolent... Je comprends alors qu'il s'agit d'un malafoutier ! Il porte la ceinture ("nkosi") qui lui permet de grimper dans les palmiers. Fabriquée en lianes, elle comporte une partie plus large pour s'appuyer le dos. Il possède aussi un couteau pour inciser le palmier.
Congo - Fabrication du vin de palme (carte postale vers 1900 - © Visser)
Il faut faire preuve d'agilité pour grimper dans les arbres, les jambes arc-boutées sur le tronc. J'avais vu un homme le faire à Mengo (cf Au village de Mengo).
Autrefois, la sève du palmier était souvent récoltée dans des calebasses, comme on peut le voir sur ces photos anciennes. Aujourd'hui, il s'agit plus souvent de récipients en verre ou en plastique.
Récolte du vin de palme à Ste Marie du Kouilou (carte postale vers 1910 - © Marichelle)
Une fois la sève fermentée, on obtient le "malafou" (vin, alcool) d'où le nom de malafoutier pour le récolteur, appelé aussi "nsamba". Mais la bière bon marché supplante peu à peu le vin de palme, en tout cas en ville et pour ceux qui peuvent s'en acheter.
Le village de Ste Marie du Kouilou correspond au Madingo-Kayes d'aujourd'hui près de l'embouchure du fleuve Kouilou.