Après un court trajet en voiture, descendant la piste rouge sinueuse, nous voilà face au pont sur la Bouenza.
Comme convenu, nous nous présentons au poste de garde. Visiblement on n'attend pas de visiteurs... Nous rencontrons des militaires en tenue décontractée, en short, voire pas habillé ! Enfin, rassurez-vous, ils ne sont pas sans vêtements, mais l'un d'entre eux porte seulement un fin peignoir aux motifs asiatiques... Surprenant.
Peut-être sommes nous tombés à l'heure de la lessive en ce jour férié ? Du linge est étendu sur les grillages.
Les chutes de la Bouenza vue du pont
Nous sommes bien accueillis, mais il faut attendre l'avis du "chef". Peu après, un homme sympathique, lui aussi en civil, nous donne l'autorisation de faire des photos. Il est adjudant. Les militaires nous accompagnent dans notre découverte des chutes de la Bouenza.
La vue du haut du pont nous offre un panorama de qualité. Dans son écrin de verdure et de rochers, le puissant rideau d'eau est superbe. Une brume s'élève de la base de la chute d'eau. La fraicheur de l'eau en suspension dans l'air est bien agréable.
Usine hydroélectrique du barrage
Bien sûr, la présence des activités humaines est marquée... A gauche des chutes, on trouve l'usine hydroélecrique. On voit très bien les conduites forcées provenant du haut du barrage et convoyant l'eau qui fait tourner les turbines.
Une singulière petite île circulaire est posée sur la Bouenza, semblant flotter, tel un nénuphar géant.
La Bouenza en amont du pont
La rivière tourbillonnante s'engouffre ensuite sous le pont, la pente étant plus accentuée. Après le pont, le lit de la Bouenza se fait plus étroit et la rivière s'enfonce au milieu de la végétation luxuriante. Magnifique.
La Bouenza en aval du pont
Je demande à l'adjudant quelle est la hauteur des chutes. Il me dit l'avoir su, mais ne plus s'en rappeler. Nous demandons à notre ami de fraîche date de nous photographier tous les trois devant les chutes. C'est chose faite.
Nous discutons de notre prochain objectif. Manu irait bien jusqu'à Mouyondzi. C'est à une petite heure de route. Mais pour quoi faire ? Rien que l'aller-retour prendrait 2 heures et il faut penser à être à l'heure pour le bac... Je convainc mes comparses de profiter du lieu où nous sommes et de marcher un peu. Manu aime bien mettre à son palmarès de nouvelles destinations, mais nous avons déjà fait beaucoup d'heures de voiture. Respirons un peu !
Les visiteurs...
L'adjudant souhaite nous accompagner dans notre balade, mais veut auparavant changer de tenue. Je présume qu'il doit s'ennuyer un peu, vu l'isolement du site.
Pendant que notre militaire s'habille plus correctement, je remarque à l'entrée du pont une borne en béton. Le cartouche est vide, mais je suppose qu'il a accueilli une plaque officielle d'inauguration. Juste en dessous, on trouve une étoile. Au dessus, au bout d'un mat, flotte un drapeau congolais un peu fatigué... L'herbe vert tendre poussse drue sur le petit terre-plein.
Borne à l'entrée du pont
Les travaux du barrage ont été initiés sous la présidence de Marien Ngouabi. Assassiné en 1977, il ne verra pas l'ouvrage terminé. Le barrage a été inauguré en 1979. C'était l'époque de la République Populaire du Congo, et de son régime d'inspiration marxiste (d'où sans doute le symbole de l'étoile qui figurait alors sur le drapeau du Congo). Ce barrage (et le pont ?) a été construit par une entreprise chinoise. La puissance totale théorique est de 74 MW (avec 4 turbines en fonctionnement...).
Le barrage de Moukoukoulou a été également le lieu d'affrontements entre les différentes forces en présence en 1998, pendant la guerre civile. On peut supposer que la plaque d'inauguration a été brisée à ce moment là. Détériorées, les installations hydroélectriques ont été réhabilitées en 2007 (de nouveau par des techniciens chinois). Le barrage fournit en grande partie l'électricité de la partie sud du pays, dont la ville de Pointe-Noire.